Sous le prétexte de "l'alphabet fada",
ce numéro s'en prend à l'un des ordres les mieux
établis du monde, celui des lettres, des mots et des
signes. J'ai saisi le titre du poème d'Ericle Mimosa
pour proposer à quelques auteurs d'y agréger
leurs propres fantaisies. C'est ainsi que j'ai obtenu "l'histoire
d'O" d'Ariane Mizrahi, le "Fadabcd"
de Jean L'Anselme, le "Sale
caractère"
de Gérard Farasse et la chronique de
Marie Groëtte. Olivier Salon a accepté
de me confier "Les stations
du cri", initialement conçu pour le public
oulipophile comme un message d'adieu au Forum des Images qui
avait accueilli les lectures de l'Oulipo deux ans durant.
A ces contributions, j'ai ajouté "Un vaincu",
une curieuse nouvelle extraite des Mémoires d'un
dada besogneux que Pierre Mille publia en 1920.
On verra qu'il n'avait pas si mal saisi l'esprit du temps.
"Voir est un acte ; l'il voit comme la main prend",
écrivait Paul Nougé, fondateur du surréalisme
en Belgique. L'article que lui consacre Guy Ciancia,
suivi de treize fragments de César Marinori,
tente de nous restituer un peu de son regard. C'est aussi
une invitation à changer d'optique, "pour y voir
clair".
On trouvera enfin dans ce numéro des poèmes
de Jean-Louis Rambour et d'Annie
Wallois que je perçois comme des fragments
d'univers, et que je vous invite simplement à découvrir.
Pour finir, des notes de lecture de François Huglo
et Jean-Paul Gavard-Perret, et pour saupoudrer le tout,
quelques collages disséminés au fil des pages.
PHILIPPE LEMAIRE
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