1er mars 2005 

 

4ème année - n°12

 

  Penser autrement

Avec ce 12ème numéro, la Nouvelle Revue Moderne, créée en mars 2002, fête son 3ème anniversaire. " Penser autrement " en est le thème non prémédité, choisi à partir du titre d'un poème inédit de Michel Pierre. Trait d'union entre art poétique et réforme de la pensée, volonté de penser par soi-même et méthode pour y parvenir, il m'a paru bienvenu. Et parfaitement adapté au propos de La Nouvelle Revue Moderne, qui s'est toujours attachée à lier création et réflexion
Ces pages s'ouvrent sur un hommage à Jacques Simonomis, poète et animateur de la revue Cri d'Os. Gérard Cléry nous présente en " allumeur de dictionnaires " " un des plus forts poètes de ce temps ", selon les termes de Jean Rousselot. C'est une invitation à le lire, à guetter et à suivre ses traces.

De son côté, Marie Groëtte a longuement relu Norge, le poète du Sourire d'Icare et des Cerveaux brûlés. . Elle a rêvé avec lui en regardant voler les mouches, pour lesquelles il avait une tendresse particulière. Il comparait leur destinée à la nôtre. Attentif à toutes les vérités, des plus grandes aux plus infimes, Norge essaya toute sa vie d'être un " cerveau brûlé " et de penser différemment. Il cultivait l'art d'être heureux et de rendre heureux. Sa poésie nous révèle le secret d'un sourire…

Retrouver les textes courts de Michel Pierre est un grand plaisir. Son écriture poétique est teintée d'un humour très personnel qui déconcerte au premier abord : c'est sa marque de fabrique et sa manière de séduire. L'humour est aussi au rendez-vous avec Ericle Mimosa, qui fait d'hallucinantes rencontres à l'université, et avec l'étonnante Eusébie Scotto, qui nous offre un poème à lire " vite fée ", pour ne pas s'égarer parmi les fées diverses et perverses qui font la fête. Après le récit d'amours blotties dans un décor de neige que nous conte Jean-Paul Gavart-Perret, Romain Fustier nous livre quelques pages d'un carnet où il conserve le souvenir d'extraordinaires baisers qui, nous dit-il, " font oublier que le réel nous embrasse avec sa bouche d'égout ". Du cœur de l'hiver, Jean-Michel Aubevert voit le bleu sexuel. De sources en cascades, il se laisse porter par l'eau des rêves vers le printemps des chairs d'une fée aquatique.

Enfin, je vous propose pour conclure mes notes de lecture sur l'Ethique d'Edgar Morin, qui est une belle introduction aux enjeux du " penser autrement " et du " vivre poétiquement ", à combiner avec ceux du " penser poétiquement " et du " vivre autrement ".

PHILIPPE LEMAIRE