Main-mise
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Chaque
nuit, le même rêve. Une cité lointaine, un dédale
de rues, pavées de nuées et bordées de murailles
lépreuses, passages obscurs, décrochements sans issue,
fenêtres barrées de grilles et portes closes. Et moi,
pâle vapeur écorchée aux salpètres, fantôme
exsangue qui vous cherche encore, errant jusqu'à la nausée
dans la grisaille muette de ce triste labyrinthe.
Tissé de vaine attente, mon rêve est opiniâtre. Il me traîne contre mon gré jusqu'à l'évidence de votre vilenie. En me quittant, vous avez dérobé le secret de mon souffle et la puissance de mon nerf. Chaque nuit vers mon ombre vous tendez une main à la douceur avide. Rognures d'ongles, brins de cheveux, lambeaux de linge imprégnés cousus ensemble dans un fantoche, on sait comment se noue un sort au ventre d'une poupée de terre. |
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Prenez
garde au retour de vos charmes. Déjà s'ébat la
blanche colombe de votre ventre. Vous m'avez envoûté
et vous tombez sous l'emprise de vos songes fiévreux. Petite
fille vicieuse, vos jeux solitaires rendent à mon simulacre
sa joie première. Demain, j'en tisserai un chant d'où
surgira l'image de votre nudité déclose.
Je vous ferai pleurer de bonheur sur les braises de votre cur déployé. |
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