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La Violence du monde |
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La Violence du monde (Editions du félin, 2003) réunit les textes de deux conférences données à l'Institut du monde arabe par Jean Baudrillard et Edgar Morin. Les réflexions de chacun de ces auteurs, habituellement classés comme "sociologues inclassables", nous ont jusqu'à présent été des plus précieuses pour comprendre les contradictions à l'uvre dans le monde contemporain et les conditions nécessaires pour inventer un autre avenir. En les faisant porter sur le terrorisme, après le choc du 11 septembre 2001, leurs interventions nous offrent un concentré de lucidité pour comprendre l'état d'un monde où peut naître cette violence absolue. |
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Le propos de Jean Baudrillard,
et qui l'a un peu lu ne s'en étonnera pas, interroge principalement
l'échange symbolique que l'attentat de New York nous a donné à voir.
L'architecture de Manhattan est selon lui un résumé de l'histoire
du capitalisme. Les Twin Towers furent le
symbole architectural le plus achevé de la domination américaine,
et seront peut-être demain, celui de l'implosion du système. Car,
selon Baudrillard, c'est le système lui-même qui génère le terrorisme,
jumeau diabolique né de son propre excès de puissance. Son spectre
hante désormais l'ordre mondial. "Et il y a sans doute à
cela une raison profonde", ajoute Jean Baudrillard : "Ce
qui est insupportable, c'est moins le malheur, la souffrance ou la
misère, que la puissance elle-même et son arrogance". |
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"La mondialisation peut être considérée comme un phénomène qui contribue à unifier la planète", note Edgar Morin. Celle-ci est devenue "un territoire avec des moyens de communication comme jamais aucune société n'en a eu dans le passé". La mondialisation a installé l'infrastructure d'une société mondiale, mais est incapable d'instaurer, voire empêche l'émergence d'une superstructure. "Nous avons d'une certaine manière le hard-ware d'une société, mais pas le soft-ware". Il reste à penser la politique qu'il faudrait conduire à l'échelle planétaire. Reprenant un thème développé dans plusieurs de ses livres, Edgar Morin indique qu'il faut rompre avec la notion de développement telle qu'elle a été envisagée jusqu'à présent, y compris dans ses formulations nouvelles de "développement durable". Les ravages liés à l'exploitation forcené de la planète ne sont pas seuls en cause. Le développement est aussi porteur de sous-développement psychologique, moral, et de carences de plus en plus évidentes, comme la dégradation de l'individualisme occidental en hyper-individualisme, en égocentrisme forcené, en perte de olidarité à l'égard d'autrui. Ce phénomène est lié à la loi anonyme de la marchandise, qui tend à anéantir tous les phénomènes humains qui se caractérisent par leur gratuité. Il conduit, sur le plan mental, à une "compartimentation généralisée", où "chaque esprit est enfermé dans une catégorie et devient incapable de connaître le global et le fondamental". |
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Editions du félin : 10 rue de
la Vacquerie, 75 011 Paris. Lire également
: |
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