Gérard Farasse, de la société secrète des rêveurs |
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Gérard Farasse a été
témoin des premiers pas de la Nouvelle Revue Moderne,
dont le premier numéro parut en mars 2002, à l'occasion
d'une exposition de sculptures et de collages que Marie Groëtte
et moi avions placée « sous l'il de la chouette
». C'est elle qui nous avait présentés quelques
années plus tôt. Un petit ensemble intitulé Odeurs
dormantes marqua au printemps 2003 le début de sa collaboration
à la revue. Il me proposa ensuite Colonne, un texte tout
en hauteur impossible à répartir sur deux pages. De même
que le visiteur de la colonne de la Grande armée à Boulogne
doit progressivement lever le cou pour porter le regard jusqu'au sommet
du monument, on devait pouvoir le lire du bas vers le haut ! Au moyen
d'un ruban adhésif, il avait lui-même dû procéder
à un collage pour me présenter le tapuscrit. Je m'en sortis
en composant sur Word une sorte de calligramme évoquant la colonne
qui l'avait entraîné mentalement vers des hauteurs où
l'imagination place les anges. |
Au cours de ces
années, sa présence discrète fut un encouragement
puissant à poursuivre l'aventure engagée sur les sentiers
de la création. Alors qu'une telle pratique n'était
pas dans les usages des Presses universitaires du Septentrion, il
me proposa d'illustrer Lettres de château, qui devait
paraître en 2008 dans la collection « Objet ».
Philippe Bonnefis et Nicolas Delargillière se firent complices
de cette fantaisie d'écrivain. Lorsqu'il fut question de publier
Colleur de rêves aux éditions de l'Usine, il accepta
immédiatement d'en rédiger la préface. Il choisit
par la suite d'inclure « Images au bois dormant »,
au chapitre « Rêver » d'Usages du livre
(Presses universitaires de Paris Ouest, 2013), dernier ouvrage publié
avant le numéro de la revue Nord' qui lui est consacré
(juin 2014). Attentif aux marges de l'uvre littéraire
et notamment aux envois et dédicaces, Gérard
Farasse ne s'offusquerait pas je crois que l'on puisse lire celle
qu'il apposa sur l'exemplaire qui m'était destiné :
« Pour Philippe Lemaire, amateur de mots et d'images, ou membre
de la société secrète des rêveurs, avec
amitié. » Philippe
Lemaire
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N°5 - Le goût de la vie (mars 2003) : Odeurs dormantes [S'il s'approche d'elle ; La fermière au visage rose se penche ; Au retour de l'école, l'enfant marche ; La belle ténébreuse qui demande du feu ; À mon père, amputé d'une jambe, on avait appris ; Parmi les vocables qui servent à désigner le parfum]. N°6 - Incertain sourire (septembre 2003) : Colonne, collage de Philippe Lemaire. N°8 - Des Bibliothèques imaginaires 1 (mars 2004) : Mots de passe N°15 - Gérard Farasse. Au moulin d'or (mars 2006). Amour d'écrivain, de Myriam Boucharenc. [Enfant, j'avais bien du mal ; Tout le monde n'a pas la chance ; Mon père vient me voir ; Enfant, j'ai passé des journées entières ; Calypso, les deux bras levés ; L'horrible scène ; Un bandeau semblable à un diadème ; Miracle ; Sur une affichette collée ; L'amateur de lingerie ; Huysmans est venu me visiter ; En dépit de l'air glacé ; On dit que les étoiles filantes ; Ils se sont réfugiés dans la chambre]. Collages de Philippe Lemaire. N°16 - L'alphabet fada (juin2006) : Sale caractère Collage de Philippe Lemaire. Sur orbite avec Ponge, Derrida et Farasse, de François Huglo (à propos de Jacques Derrida. Déplier Ponge, entretien avec Gérard Farasse). N°17 - La liseuse de rêves (automne 2006). " Jam session " avec les revues Comme un terrier dans l'igloo, L'Échappée belle et Ozila : Bar hanté N°18 - Chairs de peau (hiver 2006) : Le cabinet des larmes N°20 - L'il du peintre (septembre 2007) : Peinture fraîche [Clovis et la lectrice, La lectrice, Rousseau, le Douanier, La rencontre, Cinéma à New York, 1939] N°23 - La trace du calamar (printemps 2009) : Propos en l'air [Comment la jeune femme ; Le photographe a pris la scène ; L'aérienne ballerine émerge ; Orphée retiré dans les solitudes ; Le pilote de l'aéroplane, un bellâtre] N°30 - Façons d'éveillés (juin 2012) : Reliquaire [3 textes numérotés 1,2,3.] N°33
- Âmes sensibles s'abstenir
(été 2013) : Enfantine ; Donner sa main ; Sur
l'usage de battre sa maîtresse, Ô saisons, ô château
; L'allumette de sureté ; Marcel Petiot et Moro-Naba. Dessin
de Y. A. Gil, collage de Philippe Lemaire. ► Presque tous ces textes ont
été publiés ultérieurement en volume par
les éditions Le temps qu'il fait : Belles de Cadix et
d'ailleurs (2004), Pour vos beaux yeux (2007),
Collection particulière (2010), L'Égyptienne
couchée (2014). ► Parmi les publications récentes qui rendent hommage à Gérard Farasse (1945-2014), on lira : Nord'
n°63 (juin 2014) Dossier réuni par Paul Renard. Bibliographie.
Malvina, de Gérard Farasse. |