1er septembre 2003 | 2ème année |
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Editorial |
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Le sourire est le fil conducteur
de ce numéro de la Nouvelle
Revue Moderne, même si de busheries en raffarinades,
l'actualité des derniers mois a mis à rude épreuve notre sens de l'humour.
Les clowns qui s'agitent sur le devant de la scène ne font rire personne.
On se prend même à douter, parfois, des pouvoirs libérateurs que nous
attribuons au grand rire ravageur, ce rire capable d'opposer les forces
de la vie à la bêtise et à la cruauté du monde. De ce point de vue,
le meilleur gag de l'année nous vient d'un linguiste allemand, dont
un ouvrage érudit, commenté dans la revue Critique[1], révèle que
les fameuses houris promises aux élus du paradis d'Allah ne seraient
- si l'on transcrit fidèlement la version originale du texte en arabe
ancien - que des " raisins blancs ". Nom d'un kamikaze !
N'est-ce pas à mourir de rire ? La nouvelle aurait dû se propager
autour du globe à la vitesse d'une image satellite, mais il semble
qu'elle soit destinée à rester sagement enterrée dans les livres. |
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En rassemblant les contributions
pour ce numéro, j'ignorais à quel point la formule Incertain
sourire, choisie après coup, pourrait s'avérer pertinente.
Le lecteur en jugera. Ce qui m'a frappé, c'est le caractère très personnel
de l'humour de chacun. Si le sourire est presque toujours incertain,
il va de la nostalgie (Jean L'Anselme) au burlesque
(Marcel Dugrougnard), en passant par toute une palette
de couleurs très individualisées. Certains textes sont très libres,
à la limite de l'écriture automatique, tandis que d'autres ont été
conçus à partir de contraintes choisies par l'auteur. C'est le cas
notamment des Chouettes poèmes de Robert Rapilly,
et du très surprenant Colonne de Gérard Farasse
qui bouscule nos habitudes de lecture et demande à être lu du bas
vers le haut. |
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PHILIPPE LEMAIRE |
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[1]Rémy Brague : Le Coran : sortir du cercle ? Critique, avril 2003. |
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