« Créer, c'est
résister », me disait Marie Noël après
les attentats qui ont ensanglanté Paris et détruit
des personnes magnifiques. Face au retour du refoulé
et d'une pensée simpliste et réactionnaire,
continuer à créer, à penser le réel
dans sa complexité, et placer les droits de l'imaginaire
au cur de notre résistance !
J'ai saisi « la main qui
rêve » comme fil directeur de ce numéro.
L'expression est de Gérard Farasse, ami et écrivain
présent dès les débuts de la Nouvelle
Revue Moderne, et disparu le 28 septembre 2014.
En marge d'un travail critique important, il a construit sur
une douzaine d'années l'uvre d'un rêveur
définitif. Comme Borges, il a choisi d'écarter
la forme du roman, nous léguant un kaléidoscope
de petites proses d'autant plus fascinantes qu'elles offrent
à profusion images, musique et parfums.
|
Sous
le titre « Main courante », Myriam Boucharenc
a établi et présente ici huit textes inédits,
puisés dans les manuscrits aimablement confiés
par Vincent Farasse, fils de l'écrivain et auteur lui-même.
Elle prolonge cet hommage à l'homme qu'elle a aimé
par un texte plus personnel qui relie le moment de l'adieu
à la présence d'un collage où apparaît
précisément cette « main qui rêve ».
|
|
En
prélude à ce dossier central, un cadeau de Géraldine
Serbourdin sur le travail du rêve, et un poème
de Ian Monk, Ce livre qui reste à écrire.
En juin dernier, à l'occasion d'une lecture et d'une
exposition à la médiathèque de Lille,
Fragments dérobés à des livres futurs,
les oulipiens regroupés autour de Marcel Bénabou
écrivirent chacun un texte autour d'un de mes collages.
J'avais proposé à Ian Monk Belle de Bibliothèque
sortant son dragon, une image publiée pour la première
fois dans Lettres de château, de Gérard
Farasse.
|
Dans
le Prière d'insérer de ses Exercices
de rêverie - un feuillet glissé en tête
du livre comme un errata ou une page détachée
- Gérard Farasse écrivait :
J'ai oublié la mer
J'aurais bien aimé qu'il y ait la mer, dans ce livre.
Pour cette sensation, à chaque fois, de révélation
qu'elle donne.
Mais il est trop tard pour l'y mettre, et d'ailleurs, en
aurais-je eu la place ? (
) |
En
lisant « Le pays des nuages et le point hors-du-monde
«, quelques pages des Carnets de la Côte d'Opale
de Nadine Ribault, j'ai senti la présence de cette «
porte sur l'infini »
Quant à Jacques Abeille,
c'est une pure fantaisie qu'il nous offre, une légende
teintée d'humour, qui suggère cependant que le
pire peut arriver si une main maladroite fait sonner la mauvaise
cloche, celle qui déclenche la catastrophe
|
Philippe Lemaire
phil.faxàfree.fr
|
|