Printemps 2012

 

11° ANNEE  N°29

 

Animals steps

     Depuis un moment, La Nouvelle Revue Moderne couvait quelque chose. Pas une grippe aviaire, une fièvre d'un autre genre. Un de nos rédacteurs en particulier présente tour à tour des signes d'assoupissement ou d'agitation au son de certaines musiques ou en présence de certains animaux : chats, lapins, loirs, grenouilles, alligators… Quel chien l'a mordu ? Cet animal en particulier a vraiment le don de l'exciter quand il en trouve la trace dans une chanson ou dans un bouquin ! Il est difficile de le détourner de cette passion, mais Didier Morel, alias Grégoire le Nabatéen - puisqu'il s'agit de lui - a d'indéniables talents d'encyclopédiste des marges de la culture. Les animaux, donc. Et pas n'importe lesquels : ceux qui ont inspiré des pas de danse dans la musique noire américaine. Vous suivez ? Si vous ne suivez pas, ce n'est pas grave car depuis qu'il a renoncé à son job de bibliothécaire pour avoir le temps de lire, notre ami Didier a défriché le sujet pour vous.

    Si vous voulez tout savoir sur l'étreinte du lapin, la marche du chameau, le dandinement du poulet, la danse de l'ours, le tortillement de la tortue, etc. c'est dans ce numéro de la Nouvelle Revue Moderne que ça se passe ! Sous le titre Animals Steps, ce n°29 est résolument musical. Dans les années 1910, l'expression "Animals steps" désigne la danse des animaux dans la musique noire américaine : Bunny hug, Camel walk, Chicken scratch… Dans l'article central de ce numéro, Didier Morel nous conte la surprenante histoire du bestiaire dansant du jazz et du rythm'n'blues. Ça se présente comme une communication universitaire, mais c'est plutôt un truc qui donne envie de bouger… En le lisant, on comprend mieux les symptômes signalés plus haut. On a envie de glousser ou de taper du pied. Pour ne pas rompre cette improbable harmonie, les textes regroupés dans ce numéro ont tous un lien avec la musique ou avec les animaux. Fred Jimenez est musicien, Mimosa torture les cordes d'un instrument à ses heures et Olivier Salon fait d'un mouton le héros de son poème "Le Petit Prince". Roger Fémur, un des complices de Grégoire Le Nabatéen à l'époque du Durexmou revient sur ses années "Wak'n'wôll" avec l'humour disjonctal qui caractérisait leur revue Le Poireau Gabardine.

    Une dernière note moins gaie : afin de rendre hommage à Jean L'Anselme, disparu le 30 décembre dernier, j'ai cru bon de joindre à ce concert improvisé une de ses dernières fables, "Le croquemort et la fourmi". Je remercie son fils Jean-Philippe Minotte de m'avoir communiqué ce poème inédit. Son humour noir est bien dans sa manière et si ce texte n'est pas joyeux, il est d'autant plus touchant. Une jolie façon de partir en laissant entendre derrière lui le son de sa petite musique…
     Bonne lecture, et bonne écoute !

PHILIPPE LEMAIRE