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Un
«numéro fantôme» ? Quelle idée
! Et pourtant, depuis la création de la Nouvelle
Revue Moderne, ce «fantôme»
a bien une existence virtuelle.La
recette n'est pas nouvelle, presque tous les journaux l'emploient.
Derrière la maquette du numéro en préparation,
se trouve l'ébauche des suivants. C'est le chaudron de
la sorcière. On y place ce qu'on publiera le lendemain,
ou peut-être le surlendemain, ou encore plus tard. Ou
jamais, car tout média digne de ce nom se doit de laisser
une place à l'imprévisible.
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Beaucoup
d'écrits intéressants, personnels et surprenants
parviennent à la revue, mais il n'est pas possible de
tout publier aussitôt. Loin d'avoir épuisé
le contenu du chaudron magique en y piochant régulièrement,
je constate au contraire, à chaque fois que je soulève
le couvercle, que les textes en souffrance sont de plus en plus
nombreux. Le bouillon de sorciers s'agite. Des bulles remontent
à la surface, des vapeurs se forment. Il est temps de
soulager la pression et de passer à la publication !
Embarquement
immédiat ! Le voyage auquel vous êtes convié
commence par une enquête ferroviaire de Didier Morel à
la poursuite du mystère du train poétique,
illustré par Gilles Vidal. Il se poursuit en Guyane pour
une folle nuit de carnaval, chapitre inédit d'un
roman en préparation de Flanjou, puis revient vers nos
rivages avec Eusébie Scotto, qui nous plonge dans un
bain d'homophonies avec la poisse caille. Les autres
passagers de ce numéro fantôme, Vincent Guesdon,
Christoph Bruneel, Annick Forshew, Ludivine B., Gérard
Cléry, Robert Rapilly et José Millas-Martin nous
livrent poèmes, dessins et nouvelles, parfois aussi dérangeants
et inconfortables que les banquettes en bois des trains d'autrefois.
Enfin, Christian Édziré Déquesnes a glissé
dans une enveloppe bleue, à l'attention des lecteurs
de la NRM,
un extrait de ses «Évangiles Bleu-nuit» qui
nous entraîne avec lui dans une dérive nocturne
au son d'un vieux blues. Bonnes lectures d'automne !
PHILIPPE LEMAIRE
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