Automne/hiver 2010

 

9° ANNEE  N°27

 
Un numéro fantôme

        Un «numéro fantôme» ? Quelle idée ! Et pourtant, depuis la création de la Nouvelle Revue Moderne, ce «fantôme» a bien une existence virtuelle.La recette n'est pas nouvelle, presque tous les journaux l'emploient. Derrière la maquette du numéro en préparation, se trouve l'ébauche des suivants. C'est le chaudron de la sorcière. On y place ce qu'on publiera le lendemain, ou peut-être le surlendemain, ou encore plus tard. Ou jamais, car tout média digne de ce nom se doit de laisser une place à l'imprévisible.

         Beaucoup d'écrits intéressants, personnels et surprenants parviennent à la revue, mais il n'est pas possible de tout publier aussitôt. Loin d'avoir épuisé le contenu du chaudron magique en y piochant régulièrement, je constate au contraire, à chaque fois que je soulève le couvercle, que les textes en souffrance sont de plus en plus nombreux. Le bouillon de sorciers s'agite. Des bulles remontent à la surface, des vapeurs se forment. Il est temps de soulager la pression et de passer à la publication !
          Embarquement immédiat ! Le voyage auquel vous êtes convié commence par une enquête ferroviaire de Didier Morel à la poursuite du mystère du train poétique, illustré par Gilles Vidal. Il se poursuit en Guyane pour une folle nuit de carnaval, chapitre inédit d'un roman en préparation de Flanjou, puis revient vers nos rivages avec Eusébie Scotto, qui nous plonge dans un bain d'homophonies avec la poisse caille. Les autres passagers de ce numéro fantôme, Vincent Guesdon, Christoph Bruneel, Annick Forshew, Ludivine B., Gérard Cléry, Robert Rapilly et José Millas-Martin nous livrent poèmes, dessins et nouvelles, parfois aussi dérangeants et inconfortables que les banquettes en bois des trains d'autrefois. Enfin, Christian Édziré Déquesnes a glissé dans une enveloppe bleue, à l'attention des lecteurs de la NRM, un extrait de ses «Évangiles Bleu-nuit» qui nous entraîne avec lui dans une dérive nocturne au son d'un vieux blues. Bonnes lectures d'automne !

PHILIPPE LEMAIRE