Création-récréation

 

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Décembre 2009
 
Les Revues
 

- RÉTROVISEUR n°114 "Dernier numéro !" (octobre 2009) Fondée en 1984 par Pierre Vaast, Rétroviseur lance ses derniers feux. L'équipe qui anime la revue a pris la décision d'arrêter voici trois ans, après le décès de son directeur de publication, le poète Bernard Desmaretz (1945-2006). Tristesse ? Nostalgie ? Certainement, car 25 ans d'existence pour une revue qui reposait sur un collectif, c'est avant tout une aventure humaine, avec ses joies, ses découvertes, mais aussi la peine liée à la disparition de certains de ses amis. Rétroviseur s'arrête sur un bilan impressionnant : 114 numéros parus, 35520 pages, 805 poètes, écrivains, rédacteurs et illustrateurs publiés…

La première partie de ce copieux dernier numéro rend hommage aux disparus, Jean Dauby, Bernard Desmaretz, Jean-Loup Fontaine, Chantal Lammertyn, Jean Le Mauve et Daniel Thibaut. Mais "la belle équipe" de Rétroviseur, au moment de saluer une dernière fois son public, ne se contente pas de jeter un regard en arrière. Alain Lemoigne, Hervé Lesage, Jean-Pierre Nicol et Pierre Vaast ont tenu à réaffirmer leur confiance dans la revue "papier" en invitant douze responsables de revues à présenter leur parcours et leur démarche, ainsi que des textes personnels. À l'heure des blogs, ce "panorama" des motivations des poètes créateurs de revue est tout à fait passionnant. Rétroviseur quitte la scène en nous offrant un dernier bouquet qui est un manifeste en faveur des revues de poésie… Cette revue qui arrête lance donc un message très paradoxal… On peut espérer que de ses cendres encore chaudes, ressurgira la flamme vivace qui l'animait …

  • Rétroviseur : 58 rue de la Barre 59800 Lille (110 p. A4, 7,5 €+port)
 

- PASSAGES n°17 (juillet-août 2009) :  Ce superbe numéro de Passages semble concentrer les passions de Christian Édziré Déquesnes : des collages, des illustrations d'Andrew Topel, des poèmes (Lucien Suel, Bernard Barbet, Charles Pennequin, Thomas Sidoli, Thomas Vinau, Konrad Schmitt, et bien sûr Ivar Ch' Vavar, dont un recueil (Les Aisselles d'Audrey Hepburn & Le Crottin de Marylin) est également joint à cet envoi. Ce n'est pas tout ! Christian Déquesnes nous sert aussi - sous enveloppe et sur papier bleu s'il vous plaît ! - un nouvel extrait de ses Évangiles BleuNuit. Est également joint un dossier enthousiaste accompagné d'une anthologie musicale du bluesman Roland Van Campenhout, né à Boom (près d'Anvers) en 1942. Boom Boom Boom Boom !

  • Christian-Édziré Déquesnes : 15, rue du général Delestraint 59230 Saint- Amand-les-Eaux (30€ pour un an).
 

L'IGLOO DANS LA DUNE n°95 "Qu'est-ce qu'une fin ?" (août 2009) "Ce numéro sur le thème de la fin, je le dédie au peuple palestinien qui, au contraire de la solution finale à quoi furent destinés ceux dont la descendance est devenue leur persécutrice, éprouvent une autre type de fin, interminable, une fin en forme de point d'orgue." Conçu après les massacres de Gaza, dont les photos, placées en bas de page, sont omniprésentes, ce numéro de la "joyeuse marotte infraréaliste" est une invitation à penser le thème de la fin, non seulement dans sa dimension individuelle, mais aussi politique et civilisationnelle. La subjectivité de chacun ne perd pas ses droits, et toutes sortes de fins sont évoquées. Guy Ferdinande nous offre dessins et collages, assez décalés au regard de son sujet, et un texte personnel qui baigne dans une atmosphère fantastique et inquiétante, "Check point d'orgue". Accompagnent ce numéro un recueil inédit de David Van Robays, L'Arrière-train du popotin du babouin est un don du ciel (on peut en obtenir un tiré à part, chez l'auteur : 47 avenue des Tulipes, 59250 Saint- André-lez-Lille) et un DVD avec des lectures de Jean-Louis Rambour, Julien Ferdinande, Les Dé/mailleuses, et Un rêve de Guy Ferdinande.

  • Dan et Guy Ferdinande - 67 rue de l'église 59 Lompret (10 €)
 

- EMPREINTES n°14 (automne 2009) Ce nouveau numéro d'Empreintes s'est offert un voyage dans le temps. Le bestiaire de Swen - en couverture - atteint d'une "lésion cervidale" donne le ton : suivent des contes de François Coppée (1842-1908), seize conférences fantaisistes de Vincent Hyspa (1865-1938) et sept dessins tragiques de Ralph Soupault, alias Rio, né en 1904… Le dernier, particulièrement, qui fait le portrait hagard d'un jeune homme électrocuté après avoir touché une ligne de 80 000 volts ne peut laisser indifférent. Egalement au sommaire : le jardin de Bodan Litnianski, site d'art brut à Viry-Noureuil, près de Saint Quentin et un album inédit de Gherasim Luca, dont une série de collages a été exposée cet automne à la galerie L'Usine, éditrice de cette belle revue.

 

- VERSO 138 (septembre 2009) Julien Gracq en couverture, et pourtant seule une chronique lui est consacrée. Mais quelle chronique ! Éric Simon revient sur le parcours de Julien Gracq l'affable, ou l'humanisme résistant d'un artiste au temps des "nivellistes". "Les nivellistes ? Ceux qui nivellent les consciences, qui éliminent et laminent les individus, les sociétés, les idées et les cris". L'expression est de l'écrivain polonais Witkiewicz, qui l'inventa pour qualifier les "nivelleurs" qui suivirent la révolution d'Octobre. La rupture, pour Louis Poirier, alias Julien Gracq, se produit après le pacte germano-soviétique : "Après les grands rêves de révolution sociale internationale, les idéaux auxquels le jeune Gracq avait cru, la trahison est totale, épouvantable. Le monde ne s'en remettra pas, et nous vivons toujours dans cette nausée et cette boue, errant parmi les ruines (…) La pensée est désarmée, elle ne nourrit plus la civilisation. La confiscation atteint les niveaux de la vie inconsciente, la pulsion de mort semble à jamais victorieuse."
A l'heure où le métro parisien nous agresse avec les affiches d'un jeu vidéo qui cherche à rendre désirable La guerre comme si vous y étiez, il est bon de rappeler qu'écrivains et artistes, dans la tourmente précédant la seconde guerre mondiale ont cherché à tracer une autre voie. "Quant à l'artiste, dans ce monde armé et suranné, il demeure un être profondément désarmé, en passe de se voir à tout moment confisquer sa parole et sa pensée", note Éric Simon. Mais il existe une voie pour la résistance, et Julien Gracq est de ceux qui l'indiquent, "pour pouvoir continuer à vivre à hauteur d'homme, à hauteur lucide de ce "rêveur éveillé" ou "définitif".

 

DIERESE n°46 Mémoire vive (Automne 2009) "Il y a pourtant de la poésie dans tous les êtres capables d'affections vives et profondes." Cette citation de Nicolas de Staël, placée en exergue de ce numéro 46 de Diérèse, est une invitation à l'ouverture totale que réclame la poésie. Ouverture aussi bien au pré-verbal et non-verbal qu'au verbal, comme le souligne Daniel Martinez dans ses "Notes éparses", citant à l'appui Paul Celan (le poème est "une poignée de main"), Antonio Lobo Antunes ("Si j'avais une conception rationnelle du monde, cela aurait tué en moi la capacité de créer") et Pascal Quignard. Plus qu'une simple revue (le numéro fait 260 pages), Diérèse est une anthologie poétique et littéraire qui affirme, dans la durée, une sensibilité dont cette ouverture est un aspect essentiel. Le numéro s'ouvre sur un entretien de Bruno Sourdin avec Zéno Bianu, poète contemporain "sonné" par la lecture d'Antonin Artaud à l'âge de 18 ans, grand connaisseur de l'orient et ouvert à tous les possibles de l'esprit (il a notamment publié Krishnamurti ou l'insoumission de l'esprit). Le cahier "Poésies du monde" présent dans chaque livraison, avec des textes dans leur version originale et en traduction est une autre manifestation la plus évidente de ce choix d'ouverture. Le domaine allemand et le domaine américain sont présents dans ce numéro, avec Sylvia Geist (née à Berlin en 1963), William Stanley Merwin (né à New York en 1927) et Philip Lamantia (1927-2005), poète surréaliste américain. Parmi ses autres richesses, une étude sur Ghérasim Luca (1913-1993), un des grands singuliers du XXe siècle. "Un âge poétique du genre humain - comment peut-on rêver plus belle envolée ?" écrit encore Daniel Martinez dans un recueil d'écrits personnels, Approches (aux éditions du Petit Véhicule). Comment ne pas partager ce rêve ?

  • Diérèse : Daniel Martinez - 8 avenue Hoche 77330 Ozoir-la-Ferrière (12€ ou abonnement pour 4 numéros 38€).
  • APPROCHES, de Daniel MARTINEZ Éditions du Petit Véhicule - 20 rue du Coudray - 44000 Nantes (2€).
 
Livres
 

- PLUMES DE CROCODILE de Marianne BIONDA-JIMENEZ - Photographies de Patrice MOULET "Certains livres sont comme de beaux voyages. On ne souhaite pas en revenir." Ainsi s'ouvre le premier recueil de Marianne Bionda-Jimenez, écrit en complicité autour de photos de Patrice Moulet. C'est l'univers de l'enfance que le photographe est allé cueillir autour du monde. Son regard est attentif aux moments fragiles, aux jeux, aux sourires, à la tristesse parfois. Les poèmes de Marianne Bionda prolongent le sens de ces images, leur donnent un son, font entendre leur musique chargée de tendresse. Nuages, petits bonheurs, vagabondages, tout cela est si précieux !

Quand les nuages
Me tirent par les cheveux
Je me tiens la tête
Et m'accroche à la terre
Pour ne pas être emportée.

La menace, toujours présente, de l'univers des adultes ne doit pas être oubliée :

Quand les enfants
Marchent comme des hommes
La fin est proche.

Alors...

Faire le plein de joie
Un jour quelque part
Pour que jamais plus
Ne se voit
Un jour quelque part
Un enfant pleurer
Contre un mur.


  • Le Miel de l'Ours - 4 rue François Lehman 1218 Grand-Saconnex - Suisse.
 

RENCONTRE AVEC DES OBJETS FAMILIERS de Jean-Pierre LEMESLE. Dessins de Gilles VIDAL (Le cherche midi) Oublions la référence à Francis Ponge, rappelée par Jean Orizet dans sa préface, et lisons ce recueil comme J-P Lemesle l'a conçu, la rencontre, pleine d'humour et de surprises, avec des objets familiers, auxquels les dessins de Gilles Vidal ajoutent une seconde dimension. Joli point de départ pour des promenades imaginaires qui prêtent vie aux objets qui nous entourent…

  • Le cherche midi (15 €).
 


Rrêves (Ddreams) de John M. Bennett (traduit par Philippe Billé) J'adore ce petit livre rouge. Sa couverture est ornée d'un graphisme de John M. Bennett, l'auteur de ces récits de rêves réduits à leur plus simple expression :

Vu un trou
de la lumière clignotant autour

Vu une enveloppe mâchée
dans la bouche d'un
cadavre

Vu un cheval
sa tête un bloc de glace

Leur concision a un effet hypnotique. Comme certaines productions de l'OULIPO, Rrêves invente avec bonheur une nouvelle forme poétique.

  • Luna Bisonte Prods - 137Leland ave, Columbus, OH 43214 USA

ERRATUM dessins de Dip (présentés par Lise Fauchereau) Dip, alias Renaud Allirand, est l'auteur des Biscornus, un livre de dessins plutôt dérangeants. S'est-il assagi, comme le prétend sa préfacière ? Cet Erratum, est assorti de poèmes en une ligne, aussi ravageurs que ses dessins. "Mon rêve ? Ce serait d'en avoir" ; "J'ai ignifugé ma jupe, au cas où…"

  • Prodromus : 46, rue Saint-Sébastien - 75011 Paris.
 

MON CŒUR COUPÉ AU SÉCATEUR et TOBOGGAN DES MAISONS d'Amandine MAREMBERT. Deux nouveaux recueils d'Amandine Marembert, co-animatrice de la revue Contre-allées. Le premier a été couronné par le Trouvère des lycéens. Le second est illustré par Audrey Calleja. Une écriture attentive à la poésie des heures qui passent, des objets, des plantes et des êtres qui nous entourent. Il faudra, dit-elle "retrouver des tissus de songes à ta taille."

  • Écrits du Nord - éditions Henry (10€)
  • L'Idée bleue - 6 place de l'église 85310 Chaillé-les-Ormeaux (9€)
 

COMA de Romain FUSTIER. Parler, écrire, à l'ami grièvement blessé pour le retenir du côté de la vie, même quand tout espoir est perdu.

  • Yves Perrine - 215 rue Moïse Bodhuin, 02000 Laon (abonnement 6 recueils : 18€.
 

Quand l'OBEISSANCE est devenue IMPOSSIBLE d'Emmanuelle K. Présentés sous un coffret noir et rouge qui claque comme un drapeau, ces 4 recueils d'Emmanuelle K peuvent se lire comme les étapes d'une libération individuelle, ou comme une profession de foi libertaire, citations de Bakounine, Debord et Vaneigem à l'appui. Ces voix se font entendre en surimpression dans ce long poème didactique qui se présente comme la recherche d'une voie pour la vie.

  • Le Krill éditeur (éditions de la différence) - 24 rue Miollis 75015 Paris (18€)
 

D'OMBRE de Jacques Abeille (encres de Pauline Berneron) L'élégance est de mise pour ce troisième volume de la collection "L'Ombellie" des éditions des Vanneaux, dont le dynamisme doit être souligné. En cherchant à réunir autour d'elle les auteurs qu'elle admire et apprécie, Cécile Odartchenko constitue une bibliothèque des plus enviables. Composé de 1978 à 2006, D'ombre nous plonge au plus profond de l'univers de Jacques Abeille, parmi ses plus secrètes obsessions :

Ombre sombrée
Ma nuit
Tremblante corde
Au cœur du puits

Les encres très noires de Pauline Berneron se font complices d'un poème dont le charme nocturne et vénéneux entraîne le lecteur à sa suite, et comme malgré lui dans une très singulière expérience de lecture.

 


ICHI LEU d'Ivar Ch'Vavar (traduit du picard de Wailly-Beaucamp et illustré par Lucien Suel) La publication d'Ici là est l'occasion pour Ivar Ch'Vavar d'affronter un texte écrit il y a 20 ans et de développer autour de lui toute une glose qui interroge son œuvre et le travail de la poésie.

Corneilles extra-lucides
Corneilles de l'évidence
Vous siégez aux cieux acides
Maussades comme des anges ;

Ressurgit ainsi dans le paysage de la Grande Picardie Mentale une œuvre composée du poème en picard, de sa traduction, des dessins de Lucien Suel et des commentaires d'Ivar. Les éditions des Vanneaux ont particulièrement soigné cette édition : du beau travail !

  • Éditions des Vanneaux : 64, rue de la Vallée de Crème 60480 Montreuil-sur-Brèche (15€ chaque volume).
 

DIX ANS DE CHINE. Une bibliothèque d'occasion, de Vincent PUENTE Tout semble bizarre dans ce bouquin, je préfère le dire d'entrée. Je n'ai jamais tenu entre les mains aucun des livres de cette "bibliothèque d'occasion". Je considère pourtant celui-ci comme un petit chef d'œuvre ! Comment vous expliquer ? Voici comment son auteur présente le résultat de dix ans de chine sur les marchés aux puces et chez les bouquinistes : "L'apparition de ces livres dont le titre, l'auteur même, nous étaient inconnus la seconde avant que notre regard se pose sur leur couverture, est un phénomène complexe qui à mon sens relève autant d'une mécanique de cause à effet que du processus magique lié à celui des apparitions ou de la prédestination. Le processus d'acquisition de ces livres sortis de nulle part varie d'un individu à l'autre. La rencontre de l'improbable ne se commande pas."

C'est l'ami Christoph Bruneel qui m'a fait découvrir ce livre. Triplement qualifié en tant que bibliophile, relieur et poète, il m'a certifié que ces livres sortis de nulle part avaient à ses yeux une manière de crédibilité. Un livre n'est pas seulement une œuvre de l'esprit. C'est un objet. On peut le toucher, tourner ses pages, apprécier le graphisme de sa couverture, goûter au résumé qui figure le plus souvent en dernière page. C'est précisément ce que nous propose Vincent Puente. Ne manquez pas ce catalogue de livres improbables. Miracle ou mirage, vous déciderez par vous-même.

 

SUR LE FIL. Déviances textiles (Invenit). Rarement Maison Folie aura mieux mérité son nom. L'expo de broderies perverses et autres "déviances textiles", montée à Wazemmes jusqu'au 22 novembre par l'association La Gamelle Publique n'est pas passée inaperçue dans les chaumières nordistes. Elle se poursuivra au Musée international des Arts modestes de Sète du 12 décembre 2009 au 22 avril 2010. De Jules Leclercq (l'interné d'Armentières) à Sandrine Pelletier (surprenante assembleuse de dentelles), en passant par Jacques Trovic, "le Douanier Rousseau d'Anzin", on y retrouve entre chiens et loups scènes galantes et petites pépées. Dans des poses déconseillées pour certaines aux moins de dix-huit ans. Un vrai renouveau d'un art traditionnel, véritable antidote aux méfaits de la télé, de l'ennui dans le couple, et des arts prétentieux.

 

AMANTINE AMANDINE, de Barnabé MONS (Élise Castel éditions) Tout commence dans une galerie d'art du Vieux-Lille, avec le regard que porte le narrateur sur une fille aux lèvres charnues et aux cheveux teints en rouge, vêtue de noir et irrésistiblement attirante. L'histoire se poursuit, un peu plus tard, dans la galerie Zone de confusion de Saint-André, à l'occasion d'un show de Costes où la belle se prend deux baffes pour avoir eu l'audace d'avancer son joli minois à portée de main d'un des performers. Sex'n'bier'n'rock'n'roll… Amandine est blonde et palpitante. Elle aime danser sur le fil en louchant vers l'abîme. Le récit de Barnabé Mons est à la fois pudique et ultrasensible. Son dandysme affiché ne cache ni les hésitations, ni les faiblesses de l'amoureux fasciné par la fille papillon de nuit qui se brûle volontairement les ailes à tous les feux du désir et flirte dangereusement avec l'autodestruction. Une fois le livre refermé, sa petite musique ne vous quitte pas.

 

  • Élise Castel éditions - BP 30045 - 59007 Lille (10 €)
 
 
PHIL FAX
 
Création-Récréation - Juillet 2009