Gérard Farasse |
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Spécialiste de Francis Ponge (il a travaillé à son édition dans la Pléiade) et de Jean Folain (sur lequel il prépare un livre), Gérard Farasse nous avait surtout proposé, jusqu'à présent, des textes critiques qui se distinguaient déjà par une grande capacité à prendre l'empreinte des lectures proposées. Son dernier livre, Amour de lecteur (Presses Universitaires du Septentrion, 2001), dépassait le cadre traditionnel du commentaire littéraire. Dans cet ensemble de textes, où figure notamment un article remarquable sur les collages de Prévert, l'écriture critique se décale et offre au lecteur un "plaisir du texte" lié à ses qualités d'écriture. |
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Belles de Cadix et d'ailleurs et Exercices de rêverie, parus presque simultanément chez deux éditeurs différents, nous révèlent davantage l'écrivain et le rêveur. On y trouve des textes très courts - deux pages maximum - regroupés par affinités : Eléments d'anatomie, odeurs dormantes, Allez, la musique Pour les lecteurs qui ont déjà pu découvrir certains d'entre eux dans la Nouvelle Revue Moderne, le plaisir se prolonge On pense aux poèmes en prose de Baudelaire et à ces poètes qui, comme Michaux ou Ponge, ont su mettre à profit de la leçon de Flaubert, discrètement rappelée en exergue de ces exercices de rêverie : "Si nous faisions des vers ? dit
Pécuchet.. |
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La prose semble avoir trouvé ici le moyen de se libérer
de toute pesanteur. "Semblables à une bulle de savon", ces
"exercices" sont légers comme les ballons de baudruche qu'offraient
autrefois les chausseurs aux enfants. Certains sont si attachants
qu'on ne peut s'empêcher d'y revenir pour jouir encore de leur tournure
subtile, de leur ambiance, de leur appel à tous les sens. "Tel
écrivain rêve une nuit d'un livre parfait
" est l'incipit
d'un de ces croquis dressés à l'encre à partir de petites notations
issues de moments vécus, de sensations ou de lectures. |
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