Création-récréation...

 
 
Décembre 2005

 

- Camille DESQUATREVOIES : Deux lettres à René-Guy FADDIN Comme un terrier dans l'Igloo n°78 Ces deux lettres sont un formidable coup de gueule contre la situation de la poésie en France : monopolisée par les universitaires, délaissée par le public, elle étouffe entre les mains de ceux qui s'en prétendent les spécialistes et imposent la poésie néo-tragique comme unique poésie. La lamentable affaire de la dispersion de la collection Breton ("disperser la collection, c'était dépecer sa subjectivité. (…) Ce fut Sinistre.") et l'incapacité collective à imposer la création d'un "Musée du Merveilleux" sont aux yeux de C. Desquatrevoies la manifestation évidente d'une impasse. Faisons un vœu : que ces lettres un peu rapidement écrites atteignent leur cible et permettent de polir un pavé assez affiné pour troubler à coup sûr cette mare hexagonale où la poésie patauge sagement en rond.

- José VANDENBROUCK & Frank VANHAUWAERT : Tintin au pays de Zaum Comme un terrier dans l'Igloo n°79 Dans ce récit à quatre mains, José et Frank, vaillants chevaliers du marais, nous content leur voyage vers l'Est, à la rencontre de Serge Segay et Rea Nikonova, deux grandes voix du samizdat et du mail-art russe. La rencontre a lieu à Kiel, en Allemagne, où le couple a émigré en 1998. Les conversations se déroulent en anglais, mais le courant passe, tout en laissant à chacun sa part de questions et de mystère. "Nous sommes plusieurs dans cette cuisine", écrit José. "Nous sommes venus de temps lointains et précieux qui ne seront plus jamais les mêmes, de temps qui se transformeront toujours mais qui ne passeront jamais. Je vois cette femme : taciturne jusqu'au moment où elle a des choses à dire. Qui est-elle ? Pourquoi se tait-elle si activement ?" Rea proposera à son invité de réciter avec elle l'alphabet, chacun dans sa langue maternelle. "Moi je ne connais que les vingt-six caractères familiers, elle, étant russe, en connaît quelques-uns de plus. Tout comme elle maîtrise plus de silences, plus de vides, plus de signes - et plus d'absences de silence, de vides et de signes" constate José. Cette rencontre remet à jour bien des questions : "Qui d'autre que cette femme, née Anna Alexandrovna, devenue Ry Nikonova dans un territoire près de la mer d'Azov, m'a démontré qu'après Z tout recommence et que la façon de ce recommencement renvoie au commencement initial (…). Artistes ! Dissidents de la banalité ! Amoureux de l'absurde ! Amoureux de l'unique, de l'exceptionnel, de la bizarrerie. Intracosmonautes d'un univers de langues et de signes. Martyrs de la fatigue universelle. Indicateurs de l'inimaginable."

Le regard de Frank n'est pas moins en alerte et vient se poser, en contrepoint de celui de José, sur le décor de cette rencontre. Dans un très beau poème, la ville de Kiel, détruite et reconstruite, est comparée à Brest et au Havre. "Peu de monuments dignes de ce nom", mais devant l'église Saint-Nicolas, la sculpture d' Ernst Barlach, Der Geistkämpfer (Le combattant spirituel, 1928), "un des plus beaux exemples de l'art dégénéré selon Adolf H."
"Tant qu'il y aura un seul combattant spirituel
Qui survit au pire des dictateurs,
Il y aura peut-être un brin d'espoir dans l'air."

 

 

- Affichage autorisé : 8 poètes sous 8 pochettes transparentes en PVC, c'est la nouvelle collection des éditions Contre-allées. Cette présentation originale permet à chaque auteur de s'exprimer dans l'espace d'un format A3 soigneusement plié en quatre. Les élus des muses de la rue Mizault se nomment Franck Cottet, Laurent Dhume, Franck Doyen, Nicolas Jaen, Emmanuèle Jawad, Armelle Leclercq, Stéphan Riegel et Magali Thuillier.

 

- Miriam BLAYLOCK : Le Maître des plaisirs Hymne à une forme de magie sexuelle que les mots expriment plus faiblement qu'un bon coup de cravache sur une croupe dénudée, ces poèmes sont " attachants ", au sens littéral. La présentation précieuse de la collection " Sortilèges ", la finesse des dessins érotiques de Victor Sanchez et la plume noire collée sur la couverture sont autant d'invitations à entrer dans ce cocon d'amour-soumission et de minous déplumés.

- Jacques ROUBAUD & Olivier SALON : SARDINOSAURES & Cie Ces réjouissantes variations autour du bestiaire sont conçues à partir de mots-valise qui s'ouvrent sur tous les délires : on trouvera ici tout ce qu'on peut imaginer sur le sardinosaure, les hibouleaux, la panthermite, le léoparesseux, la mantilope religieuse, le limastodonte, l'élangouste, etc. On apprend par exemple que "la caïmandarine est succulente mais dangereuse." Il ne reste plus qu'à mettre en images cette surprenante assemblée de chimères.

  • La Bibliothèque Oulipienne n°146 Mars 2005. OULIPO : 67 rue de Rochechouart 75 009 PARIS (6 €). https://www.oulipo.net
 

- Louis SAVARY : Mots de passe Ce nouveau recueil d'aphorismes vient s'ajouter à la jolie collection constituée par Louis Savary, dans une veine qui, chez lui, semble inépuisable. Ces épigrammes tournent cette fois-ci autour des mots eux-mêmes, dont ils font dérailler le ronronnement habituel. À force d'attention, Louis Savary parvient à leur faire dire un peu plus que ce que nous savions déjà d'eux : "à l'écoute des mots, on s'immerge sans fin dans les rêves du monde"…

  • Editions ARCAM, 40, rue de Bretagne 75003 Paris ou chez l'auteur, 11 rue Wilson B 7340 WASMES (15 €).
 

- Jacques CANUT : Eros crépusculaire (illustrations de Claudine Goux) - Enigmas/ Enigmes (édition bilingue) "Où emmener sa solitude pour l'oublier ?" se demande le poète. Il l'emmène en voyage au pays des mots, au pays des amours passés, au pays des désirs intacts, mais les cartes postales qu'il nous envoie de Là-bas ne cachent pas au lecteur qu'Eros au crépuscule est bien désemparé et ne sais plus guère où tirer ses flèches.

  • Jacques Canut - 19 allées Lagarrasic 32 000 AUCH
 

- Le Nouvel ATTILA n°Hun et n°2 En se plaçant sous l'irréfutable parrainage de Victor Hugo ("À bas les Washington, vive les Attila ! Il y des gens d'esprit pour soutenir cela") Le Nouvel Attila veut mettre le feu aux champs endormis de la critique. Au diable les auteurs à la mode et les derniers succès de l'édition, c'est au delà des barrières de l'actualité et du bon goût qu'il veut aller découvrir les vraies richesses de la littérature. Allez-y voir : de Jacques Abeille à Topor, en passant par Baronian, Bettencourt, Brisset et bien d'autres, le butin du Nouvel Attila est déjà fabuleux.

 

- Mot à Maux n°2 (juillet 2005) : Cette nouvelle revue de poésie lancée par Daniel Brochard, rassemble une jolie collection d'auteurs (pas moins de 19 pour ce numéro) et affiche de généreuses intentions : " A l'absurde, nous répondons avec une espèce de vitalité qui est notre volonté de paix, de justice et d'égalité. Nos poèmes sont des ponts, des perches tendues à celui qui n'a rien et qui vit dans la misère. Car enfin, quel est-il le poète sinon ce passeur , celui qui s'insurge et qui par ses actes et sa conscience agit ? " Mots à maux a aussi un blog que vous pouvez retrouver à l'adresse suivante : http://motamaux.hautetfort.com

  • Daniel Brochard 3 allée Cuvier 79200 CHÂTILLON/THOUET(4 €).
 

- L'ENFANCE n°2 : (novembre 2005) - L'Enfance se situe dans la continuité des démarches antérieures d'Ivar Ch'Vavar, avec un mélange de collaborations avérées (Sylvie Nève, Claude Vercey, Lucien Suel…) et de signatures inconnues ou repérées parmi celles des auteurs imaginaires. Premier plaisir : se plonger dans la diversité de ces écrits, y trouver ses repères. Second plaisir : apprécier les trouvailles, comme ce quatrain écrit par un enfant (?) chinois (?) de sept ans (?) au 7ème siècle (?) ou ces fatrasies arrageoises anonymes du 12ème siècle. Enfin, une lettre à François Leperlier sur Heidegger et Rimbaud, est une sorte de manifeste sur le rôle que peut occuper le poète dans la société industrielle moderne  : "La poésie n'a pas avancé d'un pas depuis Ducasse, Rimbaud, Mallarmé (…) Ces poètes viennent après Hugo, mais ils viennent aussi après Baudelaire. On est tombé du mage au paria. La "préséance" de la poésie s'est perdue, et désespérément ils la cherchent encore. Ils ne sont plus au monde, et il leur est loisible de voir que c'est parce que le monde les a laissés en arrière." À partir de ce constat, Ivar Ch'Vavar tente de situer sa propre quête et d'en formuler l'ambition : "Le poète n'est pas un créateur si le monument qu'il construit ne gronde pas sur son socle, et si ceux qui ont des yeux et des oreilles ne voient pas, n'entendent pas, ne ressentent pas dans toutes leurs fibres ce grondement."

  • Ivar Ch'Vavar - 185 rue Gauthier de Rumilly 80 000 AMIENS (abonnement pour deux numéros et un supplément : 10 €).
 

- Diérèse n°30 : (été 2005) : La plus copieuse des revues de poésie se distingue par un choix éclectique où le lecteur peut puiser à défaut de pouvoir totalement épuiser les richesses contenues dans ces 250 pages. On y lira notamment des textes de Christian Degoutte et Michel Pierre et des lettres de Jean Rousselot.

Phil FAX
 
Aout 2005
 

- Albert HUMBERT : Cadavres sur cadavres. Pour amis rigolos de tous bords et amateurs de curiosités littéraires ! Extrait de la mirifique bibliothèque de Noël Arnaud, et préfacé par François Caradec, ce court roman feuilleton d'Albert Humbert (1835-1886) fut publié dans La Lanterne de Boquillon du 5 juin au 21 novembre 1869. Jamais réédité depuis, Cadavres sur cadavres, sous-titré Emotions à jet continu est un petit chef d'œuvre de la parodie, qui moque gentiment le goût de l'époque pour les feuilletons et leur accumulation de ressorts dramatiques. Le héros d'Albert Humbert est un abonné du Petit Journal, que l'auteur va condamner à traîner le corps sans tête du méchant de l'histoire, Gorju l'Escorcheur, au long de quinze chapitres "où l'inouï ruisselle à chaque ligne". Les cadavres s'accumulent - on en compte déjà quatre-vingt-sept à la page 23 ! - et les rebondissements les plus incroyables nous entraînent dans une course éperdue qui se termine… au n°41 de la rue de Bruxelles, chez Ponson du Terrail en personne ! L'improbable collaboration d'Alphonse Allais et d'Isidore Ducasse aurait donné quelque chose de ce genre: réjouissante lecture !

  • Patrick Fréchet éditeur - Le Pradel, 12270 SAINT-ANDRÉ-DE-NAJAC. (13 € Franco).

- Jean-Louis RAMBOUR : La nuit revenante, la nuit. Ce très beau texte déroute au premier abord, comme certains objets dont on ne sait pas exactement à quoi ils servent mais qui intriguent et séduisent, de façon aussi sûre qu'inexplicable. On hésite. On prend l'objet entre les mains, on le retourne. On le repose, puis on le reprend. Est-ce un long poème, ou une suite de poèmes ? Peu importe. Ces pages attirent, attisent. Elles se suivent et s'enchaînent comme les paysages, les souvenirs ou les images qui finissent par se mêler devant nos yeux et dans nos têtes. On entre dans le texte, on laisse rouler, et on a bientôt l'impression d'être sur l'autoroute, dans cette grande région picarde qui va de Péronne à Boulogne. La terre et le ciel sont immenses. On se laisse aller à rêver longuement entre les nuages, la lumière qui irrigue le paysage et le souvenir de moments vécus. Toute une vie sur " cette terre si veuve " défile en pensée. L'esprit flotte entre souvenirs, sensations, réminiscences, angoisses, joie et tristesse, et s'aventure dans cette contrée indéterminée où la conscience étonnée s'attarde sans mettre de mots sur les choses. Miracle ou mirage, la poésie de Jean-Louis Rambour nous restitue cet état de conscience. " Comme pour la vierge de Lourdes dans son globe, on agite des mots pour voir tomber la neige. Et c'est tout. "

- Lucien SUEL : Poèmes marcottés des quatre saisons. Colleur, bricoleur, jardineur… Les talents du "poète ordinaire" qu'est Lucien Suel se combinent ici pour nous donner des "poèmes marcottés" - entendez un verdoyant parterre de quatrains qui essaiment à partir de fragments découpés dans des poèmes de Victor Hugo, Anna de Noailles, Jean Moreas et Paul Verlaine. Ces textes greffés sont plus que plaisants et donnent bien envie d'enfiler la blouse, le sécateur dans une poche et le crayon dans l'autre, pour tenter soi-même quelques boutures.

- Aiguillages immédiats - "Le ronronnement du chat se mêle à celui de l'ordinateur" dans cette "compil" des débuts (1998-2002) de la revue Contre-allées.

  • 16, rue Mizault 03100 MONTLUÇON (7,50 €).

- Jacques CANUT : Tri (illustration de Claudine Goux) - Maison de je (collage d'Acacio Puig). Ces "carnets confidentiels" nous invitent à partager le plaisir que prend l'auteur à voguer au fil des mots. Les yeux grand ouverts derrière un "pare-brise auréolé d'enchantement", on embarque avec lui pour de courts voyages sur l'océan d'une page blanche où chaque phrase compte pour une merveille. On y cède "aux clins d'œil de virtuelles béatitudes", et on en revient avec une part de rêve.

  • Jacques Canut - 19 allées Lagarrasic 32 000 AUCH.

- Revue OZILA n°0 et n°1 : Ozila est bien plus qu'une revue, c'est d'abord une rencontre. Celle de deux continents, l'Afrique et l'Europe. Celle des textes et des auteurs chaleureux que sont Ada Bessomo, Man Ekang, Roger Mba Nkoto, Ed Essi et du groupe du Vaste Songe. C'est avec justesse que Guy Ferdinande a pu écrire dans sa Bouquinerie moderne : "Il émane de Ozila, qui est d'abord la revue d'un groupe, une tonalité lyrique, parfois au couteau, au fond de laquelle l'âme du romantisme rougeoie toujours." Le cercle d'Ozila est composé d'authentiques poètes et de lecteurs attentifs qui veulent faire entendre une voix différente, émancipée du "mal africain" (longuement analysé dans un éditorial de Jean-Pierre Yetna). Une approche vivifiante de la littérature, qui récuse les fatalités issues de la "dictature du passé" et donne à la poésie sa vraie fonction, celle de réinventer le monde et la vie.

  • Le Vaste songe : 19 rue Henri Kolb 59 000 LILLE (5 €).

- Daniel MARTINEZ : Le système de Véga de la lyre. Animateur de la revue Diérèse, Daniel Martinez a fait tirer à une petite centaine d'exemplaires ce long poème bleu qui nous emmène loin, bien loin de nos grisailles pâlement éclairées par une étoile mineure.

  • Le Nerprun Solaire - 1 bis impasse du Bois d'Auteuil, 94440 VILLECRESNES.

- DIERESE n°28, 29, et 30 : Rendre compte d'une revue aussi généreuse que Diérèse est une véritable gageure : chaque numéro comporte plus de 250 pages et offre au lecteur une grande abondance de textes inédits, de chroniques, de lettres et l'illustrations. C'est une mine où les pépites abondent, au point que parfois on est tenté d'en délaisser certaines pour ne retenir que celles qui brillent le plus.

 

- COMME UN TERRIER DANS L'IGLOO n°71 : Georges HASSOMERIS : Icône(n)eries - n°72 : Francis GIRAUDET : Mémoires inférieurs. - n°74 : Les DE/MAILLEUSES : ,comme ça, au hasard la nuit. - n°75 : François HUGLO : Le risque de lire (Jacob, Follain, Cadou, Rousselot).
Bien rodée, la formule de Comme un terrier dans l'igloo permet de consacrer chaque numéro à un auteur, accompagné parfois par un(e) ou deux invité(e)s. Guy Ferdinande aime ainsi favoriser les rencontres, voire les confrontations. Le n°74, ouvert aux "dé/mailleuses" mêle les voix d'Anne Letoré, Annie Wallois et Dan Ferdinande, comme elles le font lorsqu'elles proposent ensemble une lecture. Le n°75 rassemble quatre textes critiques de François Huglo (sur Max Jacob, Jean Follain, Cadou, Jean Rousselot), qui précise dans un texte introductif, "le risque de lire", que le vrai travail du lecteur commence "là où le texte résiste". La voix du revuiste, même lorsqu'il laisse abondamment la parole à ses auteurs, est toujours bien présente. Elle s'exprime dans ses chroniques, le plus souvent abondantes et attentives, et dans un édito où il se déguise en "chamelier de l'infraréel", au ton sans équivalent. Tenez, cette remarque, dans le n°73 : "II n'est pas peu étonnant que les gens qu'on appelle philosophes soient toujours des professeurs de philosophie (…), contrairement aux professeurs d'espagnols qui ne sont pas tenus d'être espagnols…" En effet, ce n'est pas "peu étonnant", si l'on se souvient qu'il n'y a pas que les "penseurs" qui pensent, les "écrivains" qui écrivent, les "créateurs" qui créent, etc. Et que si l'enjeu de la poésie n'est pas de produire des professeurs de poésie mais de secouer le fatras des mots et du monde, celui de la philosophie ne doit pas en être très éloigné.

 

- VERSO n°121 (mai 2005) : Ce qui me frappe d'abord dans Verso, c'est sa mise en page, à la fois sobre et élégante : caractères noirs sur papier ivoire, illustrations anciennes et dessins de Sophie Wexler, tout cela nous enchante et nous prépare au plaisir du texte. Ce numéro est dédié à la mémoire de Jacques Simonomis, dont nous retrouvons ici quatre inédits. Beaucoup de beaux textes dans ce numéro, notamment une série d'instantanés érotiques d'Eric Von Neff dont certains auraient pu être écrits par Richard Brautigan.

 

- REM : Sainte Méduse Tête-Bêche - " J'aimerais que les poèmes composant ce recueil rebondissent d'une réminiscence sensuelle à l'autre, qu'il y ait comme une ode au plaisir… " Une touche de mélancolie vient teinter de bleus ces poèmes d'amour et les rend d'autant plus attachants.

 

- Jean-Michel AUBEVERT : Bestiaire Ornithorynque. Si vous cherchez l'œuvre originale par excellence, ce nouveau livre des éditions L'Âne qui butine. est fait pour vous séduire. A partir d'une collection de gravures anciennes, Christophe le relieur a réunis, par série de trois avec les images qui les ont inspirés, 66 textes originaux écrits et recopiés de sa main par Jean-Michel le poète. Au total, une série de 22 livres uniques, dont la sortie est annoncée le samedi 24 septembre à Mouscron. Avec ce Bestiaire Ornithorynque, Christoph Bruneel et Anne Letoré ajoutent une nouvelle pièce remarquable à leur catalogue. N'hésitez pas à les contacter !


 

- DECHARGE n°126 (juin 2005) : C'est avec un plaisir certain que j'ai lu ce numéro, intégralement. J'ai particulièrement apprécié le récit que nous fait Michel Perdrial d'un samedi après-midi de lectures où chacun est en représentation et où personne n'écoute les textes des autres. Léopardi avait déjà décrit ce genre de scène, mais toutes les lectures, fort heureusement, ne ressemblent pas à cette caricature. Jean L'Anselme fait également ici une nouvelle tentative pour définir l'humour, tout en reconnaissant que c'est impossible.

 

- Jean-Michel ROBERT : Le démineur distrait (Polder 125) " Quatre vers tout nus et une étonnante polysémie… " note Alfonso Jimenez en présentant les quatrains de Jean-Michel Robert. Avec lui, l'art du poème court grimpe jusqu'aux sommets de l'Himalaya, et l'on aimerait avoir écrit des lignes comme celles-ci avant d'aller dormir :
" Notre héros écrivit jour et nuit
simplement pour comprendre
ce qu'un mot voulait dire
aux blancheurs incrédules. "

 

- Louis SAVARY : La Mort-passion. "Cet opus passionnel ne veut rien dire des choses que nous n'aimons pas entendre" indique la dédicace que Louis Savary m'adresse avec son nouveau livre, le 15ème en cinq ans. Si la mort en est le sujet central, ce n'est moins l'amour-passion qui s'y dresse entre l'être et le néant, que la barrière de l'humour et des mots.

  • ARCAM : 40, rue de Bretagne 75003 PARIS(15 €).

 

- ESTUAIRES 2005 : Le Mur. La revue luxembourgeoise Estuaires inaugure une nouvelle orientation éditoriale avec cette première anthologie consacrée au Mur, un livre de 200 pages où s'expriment 26 auteurs, parmi lesquels Lucien Blau, Alain Jegou et Jean-Michel Aubevert. L'année prochaine, la collection abordera deux autres thèmes caractérisant notre époque : l'errance et les passeurs.

  • Revue Estuaires - Editions René Welter 47, rue Pierre et marie Curie L - 3447 DUDELANGE Luxembourg.


PHIL FAX

 

- Pierre PRESUMEY : Un pas à la fois : C'est un tout petit livret, carré cartonné de 10 cm, mieux qu'un livre de poche, plutôt un livre de main ou même de "paume". L'auteur n'hésite pas à y utiliser le "je" mais ce qu'il nous restitue de lui peut émouvoir chacun de nous, qu'il s'agisse d'un rêve qu'il abandonne car "on doit laisser les fleurs pousser au fond des rêves", d'une image perçue en passant sous un pont d'autoroute, des haies dans les plaines, "ces simulacres d'horizon", ou encore d'"une sorte de haricot aristocratique". Un univers de terrien, qui garde les pieds sur la glèbe (comme dirait Péguy auquel il fait allusion plusieurs fois) à un moment (octobre 2001) où la planète résonne de "tout ce grand fracas"…Une belle brassée de tendresse et d'espérance récoltée dans le quotidien!

  • Pré # carré - 52 quai Perriere 38000 GRENOBLE. (6 €).

MARIE GROËTTE
 
 
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Mars 2005
 

- Lucien SUEL & Christoph BRUNEEL : Duodâne " Que j'aime la chatte de limace ! " Hééénnorme, hallucinant, alléchant, Duodâne est le fruit de la collaboration entre deux poètes ordinaires que rassemble leur goût pour le choc des mots et leur amour de la belle ouvrage. Inséré dans un numéro de la revue espagnole La*Renaisensa, diari de catalunya de 1883 ou 1884 (non coupé), pressé et cousu à la main, signé et numéroté, ce livre d'artistes nous transporte aux antipodes des produits de consommation banalisés de l'édition courante.

 
 

- Alfonso JIMENEZ : TROIS VAGABONDS SUR LA LUNE - Tragédie lunaire en cinq tableaux : Que font ces trois vagabonds, Casimir, Ernest et Isabelle, avançant sur la Lune comme sur le plancher des vaches ? Se rendent-ils à la Mer de la Tranquillité, ou bien au cinéma pour voir Les enfants du Paradis , comme ils l'affirment à Philibert, éleveur de cochons… lunaires, à qui ils demandent le chemin de la ville?… Bien vite, la situation se complique et nous voilà embarqués dans une aventure absurde où la bêtise humaine tient le premier rôle… dans la meilleure tradition des fables burlesques d'Alfonso Jimenez.

Voir le numéro spécial de la NRM consacré à Alfonso Jimenez

 

 

 
 
 
 

- L'envers du réel. Créée au début de l'année 2004, la collection L'envers du réel a conservé le goût des belles publications surréalistes. Sur une unique feuille de papier fort (augmentée parfois d'un feuillet supplémentaire imprimé sur papier calque), elle donne à lire de beaux textes agrémentés d'images surprenantes. On retrouve l'esprit de La Brèche, la dernière revue d'André Breton. Après Anne-Marie Beeckman, Jacques Abeille et Teddy Joans, voici Guy Cabanel illustré par Jorge Camacho (n°9, Fées et flammes, 4 €) et Franklin Rosemont illustré par Penelope Rosemont (n°10, Où serions-nous sans Thelonious Monk ?, (2 €).

  • Les Loups Sont Fâchés. 75 rue Dutot 75015 PARIS.

 

 

- DIP : Les biscornus. La librairie Un Regard Moderne vous propose jusqu'au 19 mars 2005 de découvrir les dessins de Dip à l'occasion de la parution de son dernier livre, Les biscornus.

 
 

- Signalons la parution du très beau n° 78-79 de la revue-livre Plein Chant consacrée à Ivar Ch'Vavar, un "Horrible Travailleur" célébré par ses amis & complices, plus de 180 pages bien tassées, avec fac similé de "Jour de Glaire" et de poèmes d'Evelyne "Salope" Nourtier en sus ! Participations de Philippe Blondeau, Jean-Marc Aubert, Magali Azéma, Hélène Bacquet, Stéphane Batsal, Yves Bonnefoy, Charles-Mézence Briseul, Daniel Compère, Yves Di Manno, Jean-François Egéa, Françoise Favretto, Pierre Garnier, Laurent Grisel, Alain Jégou, Isabelle Krzywkowski, Jacques Landrecies, Gilles Laprévote, Jean Le Boël, François Leperlier, Bernard Noël, L. Suel, Thomas Suel, Michel Valprémy, Lucien Wasselin et bien sûr Ivar Ch'Vavar lui-même. L'ensemble est passionnant... Lucien Suel

 

- Jacques ABEILLE et Corinne DESPORTES : Le dieu errant. Eros est ce petit dieu archer qui décoche ses traits au hasard de sa fantaisie et ses errances. Ce livre à deux voix nous donne de ses nouvelles. Il est au meilleur de sa forme, et lance ses flèches de tous côtés. Jacques Abeille et Corinne Desportes se font fait un jeu de le suivre et de nous conter ce qui arrive à ceux qu'il soumet à ses caprices. Les histoires individuelles se répondent, entrent en correspondance, et finissent par se rejoindre dans un récit teinté d'onirisme, aux frontières du roman. Ce livre subtil dédié au dieu de l'amour et inspiré par lui est une belle réussite.

 

- Louis SAVARY : Misanthrope ma non tropo. Sous l'habit du misanthrope, l'auteur s'en prend tantôt au lecteur, tantôt à l'humanité entière et souvent à lui-même… Ces sentences trempées d'humour sonnent juste, dans leur impertinence : "Ce ne serait quand même pas mal que nous couchions une fois ensemble pour essayer de nous dire quelque chose" ; "Donnez le meilleur de vous-même, c'est le geste qui compte"…

  • Editions Arcam 40, rue de Bretagne 75003 PARIS. (15 €).
 

- Katherine L. BATTAIELLIE : J'ai peur. La collection Pré # carré, c'est 5 livrets par an, petits carrés minuscules et élégants. Le dernier paru, "J'ai peur", commence par le mot "bonjour" et se termine par "j'ai peur que tu me dises je ne t'aime plus". Un petit concentré d'angoisses.

  • Pré # carré - 52, quai Perrière 38 000 GRENOBLE(5 livrets, 23 €).
 

- François HUGLO : Métamorphose du voyageur à travers la poésie et les essais d'André Miguel. Auteur d'un essai remarqué sur Jean Rousselot paru au Dé bleu, François Huglo rend ici hommage au poète des Chants de l'air et du labyrinthe.

  • Les deux-Siciles - Daniel Martinez éditeur - 8 avenue Hoche 77330 OZOIR-LA-FERRIÈRE. (9 €).
 

- L'ECHAPPEE BELLE n°12 spécial "invités" (nov. 2004) : Pour le 12ème numéro de cette revue obstinée (8 années d'existence), ses invités (Jacques Canut, Alain Jégou, Lucien Wasselin, Michel Valprémy, JF Dubois, Philippe G. Brahy…) offrent à la belle échappée des Monts des Flandres un superbe bouquet de fleurs sensuelles.

  • Nadège Fagoo - 833 route de Méteren 59270 BAILLEUL(4 €).
 

- Gaston CRIEL : L'amour voyage. Comme un terrier dans l'Igloo n°69 "l'année érotique" exhume ici un texte de Gaston Criel paru dans la revue lyonnaise Sensations en 1952. Ce récit sexy a le charme d'une époque où des mots comme "merveilleuse poitrine", "bouton" ou "étoffe soyeuse" associés à des photos de nues retouchées suffisaient pour s'exciter fortement. (3 €).
À découvrir dans la collection "Plis", quatre recueils de Gaston Criel augmentés d'inédits et illustrés d'un portrait médiumnique de Guy Ferdinande : Popoème, Saint-Germain-des-Prés, Requiem, La mort du psychanalyste suivi de L'âge mûr (5 € chaque).

- Jean-Louis RAMBOUR : Cette terre si veuve. Comment l'auteur de Théo, cet admirable poème destiné à reconstituer la tragédie d'un grand-père tué à Verdun en 1916, bien avant sa naissance, pourrait-il oublier que cette terre des pays du Nord, notre terre abreuvée de fer, est plus veuve que neuve ? Mais "on se tait, on se tait, on ne parle plus des guerres, non pas même des dernières." On se tait, mais pas lui, car le poète éprouve la douleur encore vive qui émane de la terre meurtrie, et sur laquelle pourtant la vie renaît, oublieuse...


 

- REMUE-MENINGES n°31 : En édito, Pierre Schroven se saisit du Voyage à motocyclette, le film réalisé par Walter Salles Jr à partir des carnets de voyage du jeune Ernesto Guevara, pour revenir sur une idée insistante : "À l'heure où l'économie tend à séparer l'homme de ce qu'il pense, la poésie n'est-elle pas à même de prendre le contre-pied de ce siècle de résignation ? (…) Face à l'injustice sociale, ne peut-elle pas nous aider à accéder chaque jour à un rêve qui s'épanouit dans la vie réelle ?…"

  • Pierre Schroven 31 rue des Aiselies B-6040 JUMET (5 €).
 


- ROCK & LOVE n°1 :
Roxane porte un regard plutôt critique sur la vie au collège… et donne dans sa nouvelle revue beaucoup de place à l'humour, au rêve, à l'imagination.

  • Rock & Love : Roxane Lemaire 68 rue du Moulin d'Ascq 59 493 VILLENEUVE D'ASCQ (3 €).
 
 

- LA LETTRE DE SORTIE de secours n°16 :
"Place au poème d'humeur et d'humour, histoire d'atténuer les rigueurs de l'hiver" : Jean L'Anselme, Roger Lahu, Hozan Kebo, Michel Valprémy, Ménaché, Yves Lantner sont au rendez-vous proposé par Jean-Louis Jacquié-Roux dans cette feuille amicale où l'on trouve aussi un texte étonnant, adressé anonymement à Ménaché avec cette missive : "Monsieur, Vous êtes un poète Kommunist. Alors lisez le cri de révolte d'une gentille bergeronnette qu'hibou de rage". Suit un texte intitulé "Noms d'oiseaux", qui semble directement puisé aux sources de Jean-Pierre Brisset, fou littéraire et prince des penseurs.

  • Jean-Louis Jacquié-Roux - 17 Place du Bicentenaire 42100 SAINT-ÉTIENNE.

 

 

- LIBELLE n°153 (janvier 2005) ; n°154 (Février 2005) : Edité sur 6 pages en A5, Libelle est le haïku des revues de poésie.

Deux feuilles, une enveloppe
et un timbre
Des mots tentent de vous atteindre

  • Libelle -116 rue Pelleport 75020 PARIS. (2 €)
 

- TRACES n°156 (hiver 2004/5) : Fondée par Michel-François Lavaur en 1954, Traces nous livre, un peu en vrac, une profusion de textes parmi lesquels j'ai repérés les noms de Michel Pierre, Jacques Canut et Stephan Alves (pour un poème touchant de candeur : "Que ma femme est belle quand tombent ses dentelles").

 

 

 

- VERSO n°119 Ouvert, fermé, l'espace
- VERSO n°120
L'autre

Accueillante auberge, Verso ouvre ses pages à plus de 30 auteurs et dresse une table élégante où chacun trouve sa place. A l'accoutumée, le menu est copieux, et j'ai goûté un peu à tous les plats (François Gorin-Camard, Eric Von Neff dans le n°119, Romain Fustier dans le n°120…). En apéritif et au dessert du n°119, jolis dessins de Sophie Wexler.

 
 

Décembre 2004

 
 

- COMME UN TERRIER DANS L'IGLOO n°66:

 Frank VANHAUWAERT : Méditations flamandes.
Dans cette compilation de textes écrits entre 1963 et 2004, Frank Vanhauwaert nous livre, avec une grande pudeur, des fragments de sa vie, les souvenirs d’une tragédie, un bout de roman inachevé, des poèmes… Il s’y exprime une sensibilité trés personnelle et un attachement profond à la Flandre qui l’a vu naître et où il vit encore – à l'ombre du beffroi de Gand. Dans deux textes de 2004, « Une patrie, la Belgique » et « Les flamands », il porte un regard étonné (et peiné) sur les « atrocités textuelles » commises autour des dénominations « Flandre » et « Flamands ». La Flandre dans laquelle il se reconnaît, « vrai terroir transnational entre l’Aa et l’Escaut », est aussi celle que nous aimons.

 
 
 - Gérard CLERY : Un cahier d’Olivier Vange.

  Sous une belle couverture d’Emile Maeyens, Gérard Cléry nous ouvre, en neuf séquences, quelques portes-poèmes sur un imaginaire dont les fondations s’enracinent dans une vie richement vécue. Même sans les clés que Jean Dumortier nous offre en avant-propos, cette robuste demeure est fort accueillante. On peut aussi y entrer par les étranges fenêtres que le peintre chargé de la décoration, Philippe G. Brahy, s'est chargé de dessiner sur les murs.

  • Les Elytres : 112/23 rue Colonel Bourg 1030 BRUXELLES. (10 €).

- Gérard CLERY : L’os chante/un hueso canta.

(texte espagnol d’Osvaldo Rodriguez, illustrations de Guillermo Nunez). Réédition bilingue d'un recueil paru pour la première fois à Bruxelles en 1972, « Jusqu’au serrement de cœur définitif ».

 
 
- Jean L’ANSELME : ÇA NE CASSE PAS TROIS PATTES À UN CANARD ET APRÈS ?

Pour faire suite aux Pensées et proverbes de Maxime Dicton, Jean L'Anselme a rassemblé « élucubrations, âneries, impertinences, stupidités, inconvenances, ronchonneries et lumières d’intelligence de l’auteur ». On ne se lasse pas de son insolence. S'il existait un Prix de l’impertinence, c’est à l'ami Jean qu'il faudrait le décerner !

  • Rougerie – 7, rue de l’Echauguette, 87330 MORTEMART (en souscription : 15 €).
 
 
- Contre-allées n°15-16

Belle revue de poésie contemporaine, avec Jean-Pierre Siméon, Roger Lahu, Serge Ritman, Claude Vercey… et un collage de Vincent Courtois en couverture.

 
- Emmanuel Malherbet : L’antigel.

Elle s’appelait Aronde, Ariane, Dinah, Vedette ou Juva… Beau comme le livret remis à l'acquéreur d'une Simca neuve, ce recueil se souvient du temps de « la voiture » et des « Je me souviens » de Georges Pérec. Ces pages carrossées à l'ancienne appellent en nous des impressions d’enfance et la nostalgie des voyages dans la 2CV de Papa…