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Surpris
par une convalescence tardive, l'opéré chante un opéra.
Mais pourquoi ne pas écrire la suite en une sorte d'émasculation
pantelante de mots lesquels signifieraient, dénonceraient,
voire raccourciraient cette manière que nous avons de toujours
nous mouvoir à l'intérieur d'une émotion.
L'opéré, donc, sur une civière d'apparat, rassemble
ses chairs pudibondes, se rassure bien qu'empourpré de sang,
tandis qu'une lumière blafarde ligote sa souffrance. N'empêche
qu'il vocalise, puis souverain s'élève plein chant
au dessus de son mal-être.
Trouverez-vous osé le contexte de ce récit où
les fissures du drame se découvrent peu à peu ? Car
rien n'est prononçable aussi futilement que la mort, elle-même
vécue comme une simple perte de sensibilité. Déjà
on évacue le malade dans le flux des commémorations.
Il rit du miracle dont il vibre, pleine flûte traversière,
alterne sa voix avec les moribondages du silence à l'entracte,
enfin gueule et pleure en alternance mesurée, apprenant que
le public hurle également pour que son lyrisme ne reste pas
subsidiaire.
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