SEMAINIER

Un vent d'Ouest déloge les humeurs stagnantes
On marche trop vite pour accueillir les sensations
Mais les sentiers tenus en éventail se prolongent
Et la route choisie débouchera sur les phrases

C'était un jour sans ciel inclinant au sommeil
Une seule pensée lue le matin nous a conduite à travers les minutes
Une phrase émissaire à laquelle on s'est attelée
Jusqu'à l'heure nocturne où l'on cède

Ruser avec les pluies mûres
Sens offerts au mieux à l'espace total de la baie
Attendre que la mer grise se couche à nos pieds
Etre présente à l'éclaircie satisfaite

Ce qui vit retiré au plus profond de nous
S'est manifesté sous les dehors d'une chouette hulotte
Apparue à la lisière du bois de Fressin
Tête dans les plumes avant de s'envoler enfin

Le sentier des Argilettes monte entre blés et colzas fauchés
Au sommet il bascule brassant la torpeur qui pas à pas se dissout
Nous ramène légère et l'on s'éprouve au retour soulevée
Un souffle est passé et on s'est égaillée

Des poules en fuite près de la Créquoise
La résonance de l'eau sous le pont qu'on laisse après soi
Un chemin plat sur la terre des Templiers arasée par le soleil
Et son feu qui pèse et blanchit la tête

L'eau ruisselant sur les pentes détache des blocs de roche tendre
Qu'elle imbibe et façonne peu à peu
À l'arrivée, ce sont des êtres que la nostalgie répand sur les berges
Arrêtés au bord ultime de la rivière

 

Annie Wallois
La NRM n°28 - Automne 2011
Poème extrait du recueil Nuit Rebroussée - Editions Henry © 2011