Pierre
Peuchmaurd
Huit proses consécutives
Jéteins la lumière ?
Oui, mais allume-la dabord.
Reinaldo Arenas
|
|
Nulle
part la rose, sauf celle quon mâche en attendant la
fin de la mort. Nulle part ce rire quon entend partout.
|
*
|
La
peur du fer forgé ornait nos nuits, et cétait
la peur du noir qui forgeait le fer. Il y a une pierre sous chaque
meuble de fameuses pierres furieuses.
|
*
|
Tu
seras lombre aux
jeunes os, je serai le bol du vent dans le coin du salon. Il y a
ce vieux couteau, il y a ce quon croit savoir. Et longtemps
ta joue, ta joue éternelle.
|
*
|
Le
papier peint montre les dents à tout propos et même
hors de tout propos. Ce soir, nous navons rien à lui
offrir, que ces gouttelettes de rage quon cueille sous les
baisers. Ça ne suffira pas.
|
*
|
Lidée
de leau ne nous avait pas effleurés. Pourtant, ce bruit,
cette chose, ces noyés sur le seuil. Mais tu es si distraite
et je ne vois que toi. Dix jours quon les enjambe.
|
*
|
Virgule,
et la cinquième saison nous est passée sous le nez.
Verte, virgule, avec ses accalmies et ses jeux sous les draps et
ses orangs-outans et la sixième saison qui venait juste après.
Au lieu de ça, le Sahara.
|
*
|
Dis,
poète !
Ne te retourne pas, mon amour. Cest « dix poètes
» quils ont dit. Cest un jeu de massacre.
|
*
|
Je
viendrai de toute façon.
|
(©
1989)
|