Penser autrement

Ne plus nommer un chat un chat édifie de nouvelles structures aussi peu triomphantes que nos valeurs accumulées dont le temps cimente la parure. Aussitôt la pensée gicle des nerfs, non de l'instinct de conservation, et nous conduit vers un futur étranger mais si féru d'espoir que nous abdiquons devant l'immédiat. Bref, changer les prénoms et leurs géographies, décrire la perte des amours adolescentes, réenjamber l'enfance restituée à la fin d'une nuit blanche, remercier le déclin du soleil sur lequel s'adosse notre vieillesse prématurée, voilà pour l'essentiel de notre subsistance. Ajoutez sourdre comme une source bien que nous n'en ayons plus la fortune, installer un asile où la solitude ne porte pas de chapeau et nous sommes conduits bringuebalants comme des fétus de pensées. Admettre enfin qu'un œil s'ouvre qui n'a nul éclat, une voix nul rythme, une poésie sans entrailles et vous retrouvez une famille autrefois perdue sur un quai rompu à toutes les séparations. Ainsi vous entrez dans votre propre certitude, enfilez un paletot chinois et rassemblez les morceaux de votre corps pour les offrir aux paralytiques que Dieu mêle aux phénomènes de foire.