Corps/
correspondances/ connexions/ coutures/ raccommodages/conjoints/
contours/ Con/trois tours et puis s'en vont/ ritournelle/
elle et moi/ lui / elle et moi/ elle/ elle sans moi surtout.
Sans jamais moi. Née jamais.
Liaison
singulière entre mots et images/couleurs formes
et tracés/dans la tension entre choses vues et
lignes inventées se loge le mystère de l'écriture,
l'endroit, le creux où se blottir, poser ma main,
pour dérouler la vie écrite.
Donc naître
enfin.
Doucement
arrive le présent. Un peu de couleur sur ma robe
:
Voir le jour.
Accepter
la lumière. La réclamer.
Le texte
qui réconcilierait le cru et le cuit/ le masculin
et féminin/ l'enfant et le parent/ le haut et le
bas/ l'âme et le corps/ parce que sans ça
ils sont pour moi toujours en train de s'entretuer. Ils
gueulent. Ils se font la gueule. Ils m'excluent. Ils me
font taire. Yin/ Yang/ bang bang he shot me down/ dingue
et lunaire.
C'est
la représentation primitive que j'ai du monde.
Une guerre perpétuelle, un conflit généralisé
entre les gens, les cellules, une lutte des classes à
mort. Un combat où au final je reste encombrée
de mon rocher, empêtrée dans mes chaînes,
reléguée au fond, à côté.
À
faire sauter.
Genre
on est de la baise quoi qu'on fasse. La loose face aux
winners.
J'apparais
timidement sur l'image. De la couleur aussi sur le corsage
:
Les images
sont-elles des corps morts pour moi ? Des absents éteints
et lointains qu'il me plaît de déterrer.
Qu'il me faut déterrer pour faire surface, pour
être là. Les restes d'une histoire qui a
été vécue, racontée déjà.
En sommeil. En souffrance. Enfouie. En allée. Partagée.
Ressusciter
une histoire qui sans doute a été la mienne
et celle de mes ancêtres, ma légende, ma
fiction, mon conte d'avant, des chants d'enfant. Des mélodies
de vieux. Des tubes des années périmées.
Mon regard
s'accroche aux échos de ces images silencieuses
pour rester en vie sans doute. Pour ne pas chavirer. Pour
ne pas tomber les rejoindre. Ceux du milieu. De la vie
normale, dite d'ici et maintenant.
Mes morts
mes chéris sont plus en vie que ceux là
qui ont renoncé. Mon corps est traversé
de héros de dieux de solitaires égarés
de femmes insoumises et appétissantes qui dansent
la valse dans les bouibouis.
Et qui
ont une âme forte.
Je me
mets au centre.
Je me
retourne délicatement.
Je suis
de profil.
Alors
je me rapproche en écrivant, en lisant, pour me
consoler, alors j'écris pour éloigner un
peu la peine, virer la mélancolie, la souffler
comme on souffle une bougie, alors j'essaie les mots pour
atténuer la misère, l'apprivoiser, la rendre
moins méchante, arrogante, moins agressive, l'amadouer
un peu, la faire déguerpir de ma vie.
Il se
pose sur ma main.
Alors
les bruits du monde cessent de couvrir le pépiement
complice de cet oiseau marrant.
J'entends
ma voix.
Il attendait
depuis belle lurette que je veuille bien le percher sur
ma main pour qu'ensemble on perde pied, on s'envoie en
l'air et abandonne les rochers creux, les terrains giboyeux
et les sols marécageux.
Les indignes.
J'entends
sa musique et je gazouille, je me fais belle et je suis
reine.
En couleur.
Vous m'avez
vue ?