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La
fille des collines
L'hiver en
maladie, tristement éloigné de la clarté des chairs, beau visage
dun désir nu dont se presse à ma bouche le sein plein. La
fatigue menferme et me lie, à la maladie se ligue. Lhiver
ce matin, cette fille des collines sous la couverture glissée
; cette torpeur aspire aux humides rêveries quoffre la nature
en laines.
Elle est laiteuse et sauvage, elle presse
contre lécorce ce corps. Elle imprime à larbre sa
poitrine, rassure les cicatrices du gel en son épure grise. Au
rebord des moires lempreinte des doigts a touché
le bois. Je me disjoins aux planches. Les lèvres sont à
fleur. Ma fièvre sapaise à leur moue.
(Mais le diable qui est dans les nuds
de la table telle lhistoire arrêtée dune mémoire qui
grimpait vers le ciel et aux murs me murmure que me baise la chérie
: vers quoi penche la cabane dans lherbe promise comme une
touffe et ce qui métouffe.)
Ma nuit était floue, fugace lamnésie.
Puis le vent, un pur ciel dhiver qui sétait émietté,
le rouge Arès dans la Vierge coulait vers Antarès ; Vénus était
derrière le soleil.
Ligne de mes mains sous la sueur de la
neige, jétais dans létang ce cheval de manège, cette
rêverie dans ma crinière où je me réveillerais (Ô cheval de Troie
que les traces de mes doigts sur la cabane dans lherbe tendre
où affleure la surface sur le ventre une fille nue campée à larbre
descendue de ses collines douces ! Elle affleure au tronc dans
limpénitence.) où je me réveillerais auscultant ma civière
sous lécho.
Nulle feuille aux branches, le seuil était
déserté. La hanche prêtée. Je me rendormis. Les étoiles lhiver
le froid les fait tomber de haut et jusque dans la semence des
eaux leur têtard grouille grenouille gargouille, je laisse au
lecteur le soin de compléter la rime tombée, je le gage, en quenouille
et par suite cage.
La Belle en beauté pose son fardeau de
peau sur leau et je lèche à sa rose. Je respirais vers laubier
qui oscille en son cur, osmose du gel quun ange au
ciel toucha court.
La buée réchauffait nos sourires contre
la vitre. Je suçais les épines du Christ en prenant par la main
Christine qui avait six ans et nous tournions dans le pot à confiture
des collines.
Lenfance est lherbe des collines
écrasée de mûres le beau matin de lhiver le lait dânesse
dans le petit matin qui fouette. |
La NRM n°4 - Décembre 2002
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