1er décembre 2003     

2ème année

 


n°7

 

Editorial

 

On frappe les trois coups. Le rideau se lève sur un texte oublié de "L'Amateur Français", alias Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais. Je l'ai retrouvé dans un curieux Journal de Lecture du 19ème siècle, une revue austère sans illustration (pas une image à récupérer pour mes collages !) dont l'éditeur anonyme ne manquait pas de goût. Publié entre des extraits de La Batrachomyomachie d'Homère et des vers de Proudhon, Gaiété se présente comme une " lettre adressée à l'éditeur de la Chronique du matin ". Nous sommes à Londres, en 1776. Le procédé utilisé par Beaumarchais pour décrire une jolie femme à partir d'un manteau trouvé sur le plancher d'une salle de bal ne nous est pas inconnu. C'est celui que reprendra Conan Doyle cent ans plus tard dans les enquêtes de Sherlock Holmes. Par le mirage de l'écriture, et à partir de ce seul indice, nous voyons surgir et évoluer une séduisante blonde qui danse avec tant de joie et d'entrain qu'elle le laisse choir et l'oublie comme Cendrillon perdit sa pantoufle de vair.

 

Après cette ouverture placée sous le parrainage d'un charmant fantôme, les textes de Géraldine Serbourdin, Ericle Mimosa, Jean-Michel Aubevert, Laurence Monfroy, Myriam Arquisch, Gérard Cléry et Kalsoum, m'ont semblé pouvoir donner à ce numéro une ambiance particulière où les figures du désir se présentent sous des éclairages singuliers, semi-nocturnes, lunaires ou crépusculaires.

Dans une "rêverie", Lafcadio Mortimer évoque pour sa part, à la suite de Jean-Pierre Brisset, Prince des Penseurs, la parenté des grenouilles et des humains. Elle s'achève sur une évocation de l'origine du monde, fait allusion aux mythologies dont nous entourons le sexe et l'amour et en rajoute un peu.

 

Sur un autre terrain, celui de l'humour noir, nous retrouvons Alfonso Jimenez. Son ange femelle se défend des "queues qui frétillent" de mauvais aloi et les saynètes qu'il nous conte n'encouragent pas de vains espoirs. Alfonso Jimenez est pour moi une vraie découverte que je vous invite à partager. Vous pourrez retrouver d'autres textes de lui, l'hymne à la chaussette en entier, sa bibliographie et une "lecture" de Claude Vercey sur le site "http://nouvellerevuemoderne.free.fr". Enfin, les fidèles : Jean L'Anselme, Dan Ferdinande, avec une petite scène vécue en août sous la canicule, la chronique de Marie Groëtte et Julien Ferdinande, qui nous livre un extrait de son nouveau recueil : A l'insu de tous.

 

Ne manquez surtout pas de vous abonner ou de vous réabonner à La Nouvelle Revue Moderne. En janvier, un numéro hors série sera consacré à Jacques Abeille (composé uniquement de textes inédits). En mars, nous vous livrerons les secrets de quelques bibliothèques imaginaires, avant de vous réserver d'autres surprises...

 

PHILIPPE LEMAIRE