Écrire encore demain
Le ciel se déchire de
tant d'âmes évanouies.
Les fureurs strient les corps
et les rues, les instincts s'empirent, emplissent les rancurs et
font se taire plus fort les mots rescapés.
Pensées rebelles et secrètes,
haines de peurs entrecoupées. Pleurs essuyés. Raison garder.
La vie violemment s'en va et
nous laisse sur le bord, consternés et vains.
Des idées manquent pour vaincre les croyances.
Des armes impérieusement se réclament, s'inventent pour
combattre le mal apparu. Les formes du mal revenu. Des armes douces comme
des mots. Des pensées claires pour cadrer le chaos.
La mer est à pleurer
et les larmes amères, les sanglots à peine asséchés
se salent à nouveau du chagrin des tués.
Des hommes comme avant sont
redevenus fous.
Des ombres encombrent et salissent
la ville tandis que les campagnes bruissent de cris orduriers.
Nous sommes tous ensemble ennemis.
Disparu le spectre d'un livre
à lire, de mots qui réconcilient, d'un infini qu'à
tes lèvres j'aurais bu, dans un désir de vie.
|