Écrire encore demain


       Le ciel se déchire de tant d'âmes évanouies.
       Les fureurs strient les corps et les rues, les instincts s'empirent, emplissent les rancœurs et font se taire plus fort les mots rescapés.
       Pensées rebelles et secrètes, haines de peurs entrecoupées. Pleurs essuyés. Raison garder.
       La vie violemment s'en va et nous laisse sur le bord, consternés et vains.
Des idées manquent pour vaincre les croyances.
Des armes impérieusement se réclament, s'inventent pour combattre le mal apparu. Les formes du mal revenu. Des armes douces comme des mots. Des pensées claires pour cadrer le chaos.
       La mer est à pleurer et les larmes amères, les sanglots à peine asséchés se salent à nouveau du chagrin des tués.
       Des hommes comme avant sont redevenus fous.
       Des ombres encombrent et salissent la ville tandis que les campagnes bruissent de cris orduriers.
       Nous sommes tous ensemble ennemis.
       Disparu le spectre d'un livre à lire, de mots qui réconcilient, d'un infini qu'à tes lèvres j'aurais bu, dans un désir de vie.

       Dans l'espace de nos corps unis
       Apaisés.
       J'aime l'idée d'écrire encore demain

 

Géraldine Serbourdin
Dieppe, été 2016
La NRM  n°38 - Printemps 2017


«En se souvenant de Walter Sickert» - Acrylique sur carton. © Darnish. Dieppe 25 septembre 2016.

 

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