Je
voudrais être calme pour découper les planètes
en morceaux, n'en faire qu'une bouchée, remiser mes petits
désespoirs comme on le ferait de gourmandises sous l'appentis
céleste, élever les bruits domestiques jusqu'à
l'oreille des sourds, convaincre ceux-ci de m'obéir en toute
quiétude, prétendre, sans forcer ma dissuasion, que
la guerre est une ivresse entretenue par les bonheurs du charivari
consommé. Ainsi je voudrais atteindre les confins du mal-être,
souffrir de paraître heureux, ressembler au bourreau devant
les pauvres grimaçants, surprendre les filles dans leurs
espérances charnelles au moment où, dissimulées
à l'intérieur de draps honteux, elles choisissent
l'apocalypse familiale plutôt que l'impromptue vertu. Egalement
je voudrais emprisonner les fourmis dans un infini paresseux, adorer
les citrons verts, les éléphants bleus, les singes
blancs, les parodies religieuses où ma photo, grandeur surnaturelle,
serait bénie sans cesse par le hasard. Finalement ne devenir
que la dernière idée de mon cerveau cruel où
l'humanisme reste le roi pompeux des jungles du hasard.
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