Oni d'Ife
a la peau mate. Sa grand-mère lui fit le récit
d'une vie au soleil d'avant la nuit de l'océan
maudit. Elle était princesse, colliers d'or et bracelets
à chaque poignet.
Oni d'Ife
se défie des apparences, croit être à
peu près absent de cette vie-ci. Les Maîtres
n'ont pas reconnu son humanité, la cécité
excusera le mépris : "Je suis de l'autre pays,
invisible des vivants, dont cependant palpite le cur
à mon approche."
Oni d'Ife
souffre à insuffler de la grâce aux gestes humains.
Trop d'indices concordent qu'il ne soit un roi pas
tout à fait déchu, trop de chances inouïes,
de perfections inaltérables.
Oni emporte en
terre sa petite fille morte la veille. Pauvre âme pâle,
bienheureuse princesse en lointaine Ife.
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