Parce qu'on y échange des graines. Parce que c'est un
jeu non conformiste divertissant, libre, sans obligation, qui
fait plaisir. Parce que cette pratique en réseau de création
est le plus sain que je connaisse vu qu'il a une éthique
: pas de vente, ni d'achat, ni de hiérarchie, ni sélection-exclusion.
Parce qu'il n'y a pas de règlement à respecter,
à part les règlements postaux avec lesquels nous
flirtons. Parce que j'ai toujours été fasciné
par l'union postale universelle, la poste et son service public,
le facteur, la boîte à lettres. Timbré je
suis. Parce qu'il n'y a qu'une règle librement choisie
ou acceptée : l'échange /troc postal gratuit non
marchand. Parce que le réseau d'art postal, lui au moins,
évite la galerie d'art et ses sangsues : rien à
voir avec l'art-commerce, l'argent est absent, il n'y a pas de
participation à payer, pas de carte de membre payante,
la vente on s'en tamponne. Parce que l'art pour tous et toutes,
l'art populaire, démocratique ce n'est pas l'art élitiste
: l'arTistocratie non merci. L'art postal n'a pas de prix, ici
l'art n'est pas une marchandise : communication, contact, fraternité
ne sont pas à vendre ; nous sommes dans le cadeau-présent.
Salsa = Mélange...Mailart =Salsa. Le grand nombre de techniques
de création utilisées dans ce réseau donnent
une richesse créative exceptionnelle. Parce que j'ai besoin
de faire voyager mes gravures, dessins, planches de timbres, photos,
collages, textes. Parce que j'ai des idées et des créations
à lancer, mon animal-frère voyage sous le sigle-virus
"PigMailArt" depuis 1985. Mon végétarisme
s'ouvre. Mes sus scrofa doivent voler. Panem, circenses, cochonum.
Dans un zoo, dans une "fête", les animaux ne s'offrent
pas aux regards. Ce sont des hommes qui offrent des animaux aux
regards d'autres humains. Des humains dégénérés
offrent aux regards pour de l'argent des animaux qui n'ont rien
à faire là, qui n'ont pas choisi d'être là,
qui ne désirent pas y rester. Et même si deux phacochères
font un petit bruit dans un zoo ou un cirque... Vae victis. Mon
"encyclopédie porcine" s'engraisse et même
s'engrosse de contributions diverses. La chasse...mais aux images.
Les très riches symboliques propres aux porcins me servent
singulièrement. |
Parce que dans le "Mail Art Network" il n'y a ni
sélection, ni jury, ni professeur, ni compétition,
ni concours, ni vaincu, ni rival, c'est une pratique de paix.
Il n'y a ni retour-renvoi des oeuvres, ni professionnels, ni
cotations. L'art postal en vaut la peine et surtout il en vaut
la joie, il est multicolore comme nos visages, nos idées,
nos résistances, comme la nature ; il est notre art de
vivre, il m'ouvre à d'autres langues. Parce qu'il va
à l'encontre de l'individualisme-arrivisme qui gangrène
la société, de l'individualisme produit par le
système économique : faire du fric, au mépris
de toute autre valeur. Parce que c'est une pratique collective,
une bonne claque fraternelle dans le dos, un rituel amical.
J'aime la communication (graphique et autre), la correspondance,
l'information directe sans intermédiaire, brute. Ce réseau
fonctionne sur le principe des vases communicants, à
la fois fragile et costaud. Parce que c'est une synergie entre
citoyens de partout, c'est un mouvement ouvert sur le monde,
international, lié à la création, au libre
échange, à l'offrande, à la confiance ;
cela fonctionne sur le principe de la connexion alternative,
sur le principe des réseaux extensibles. Il aide à
se libérer créativement, il est truffé
de désobéissances. Je suis dans l'échappée
parce que le principe d'insoumission y est bien vivant. Beaucoup
d'entre nous sont pour une autre mondialisation, pour un nouvel
internationalisme à la place de l'ordre mondial, de l'idéologie
néo-libérale, de la pensée unique, de l'organisation
mondiale du commerce. Mon menu est une ratatouille végétarienne
faite de résistances costaudes et, à long terme,
liées à de petites luttes locales, au jour le
jour, pimentées de grandes utopies planétaires.
Parce que je ne souhaite pas platement, moutonnement, consommer
: seul l'art postal en réseau permet à la fois
:
1) De produire donc créer
2) De poster donc distribuer
3) D'acquérir - merci facteur
4) D'exposer pour conserver- collectionner- archiver. |
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Parce que l'art postal peut briser murs, tabous, censures,
frontières, il peut créer de l'ironie, de la rupture,
du social, du fou, du satirique, du poétique, de la dérision,
de la résistance. Il y a malmonde comme il y a malbouffe.
Ce réseau me permet aussi de faire face au cynisme égoïste
insupportable des pays riches avec son "Tout économique-Tout
profit" : il est possible de créer, penser, consommer,
vivre autrement ; les droits humains, ça existe. Ce réseau
nous invite à d'autres lendemains. Parce que ce réseau,
créé en 1962, bouge et se renouvelle, il s'adapte
aussi aux moyens techniques, il évolue tout en conservant
sa philosophie, bien ancré sur ses bases datant du mouvement
DADA au début du siècle passé. Je fais
partie de mouvements dans ce mouvement artistique et de communication,
à savoir l'"international mail art council of virtual
lands", le "mouvement Boa", demandez le magazine
"RNG" c'est gratuit, c'est en français.
En art postal, être curateur c'est prendre soin, assister,
parrainer, conseiller de la demande jusqu'à l'exposition,
jusqu'à l'expédition de la liste des participants,
du catalogue. Etre curateur, c'est être garant pour la
personne ou l'institution qui lance le projet et aussi, d'autre
part pour le réseau, sa philosophie, son éthique.
Voilà pourquoi j'ai été curateur d'une
vingtaine de projets - demandes - invitations-événements
: enveloppe, sacré coeur, boa, griffe, timbre d'artiste,
cochon, "hommage à Ackim", billet de banque
d'artiste, sanglier, pèlerinage, crable, libération
animale, rossignol, "Tout ce que l'on jette peut servir
à créer", "l'Etre idéal est un
ange dévasté par l'amour", "la fourmi-l'infini
de la petitesse", "projet d'art postal sur l'art postal",
sorcières, entr'autre culture... Humour quand tu nous
tiens. Entr'autre périple. Défrustrez-vous, correspondez,
correspondansez, postez. Merci pour vos participations actives
; ne coupons pas le contact.
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Baudhuin
Simon
Ange tutélaire
Pig Mail dada Art 71 rue d'Hoffschmidt
B6720 Habay la neuve.
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Texte
publié dans le catalogue de l'exposition "
Anges dévastés".
Dessins & gravures de Baudhuin Simon sauf "Good
bye Pig Dada" (image ci-dessus, par
FWK) et
"Love the pig in me"
(image ci-dessous, par Ingrid Van Kogelenberg).
La
NRM n°
26-
Printemps 2010
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